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Désignation du candidat LD ce lundi : l’erreur que Yayi ne doit pas commettre

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À quelques heures du conseil national décisif du parti Les Démocrates (LD), prévu ce lundi 13 octobre 2025, le pays retient son souffle. Après deux reports successifs, les militants attendent enfin la désignation du duo présidentiel qui portera les couleurs de l’opposition à la présidentielle de 2026. Mais une rumeur insistante monte : un  avocat connu pour sa défense acharnée de Réckya Madougou, pourrait être propulsé candidat.

Ce scénario, s’il se confirme, suscite plus d’inquiétude que d’enthousiasme, notamment parmi ceux qui croient à une alternance sérieuse, crédible et pacifique. Et une question capitale se pose aujourd’hui : Boni Yayi doit-il valider ce choix ?
Notre réponse est claire : non. Et voici pourquoi.

Boni Yayi : le poids de l’histoire, la responsabilité du futur

En tant que fondateur et figure de proue du parti Les Démocrates, Boni Yayi n’est pas un militant comme les autres. Il incarne la mémoire du pouvoir conquis démocratiquement et exercé pendant deux mandats. Il est aussi celui que de nombreux Béninois perçoivent encore comme le seul rempart crédible face à la concentration autoritaire du pouvoir depuis 2016.

Soutenir ou valider un choix aussi stratégique que celui du porte-étendard du parti n’est pas neutre. Ce soutien engage son nom, sa vision, et sa crédibilité. Accepter la désignation de cet avocat, c’est exposer toute la dynamique du parti à une fragilité politique profonde, à un doute stratégique — et à une probable impasse électorale.

De l’engagement juridique au vide politique

Personne ne conteste l’engagement et le professionnalisme de cet homme de droit  dans les dossiers de droits humains, ni son courage dans la défense des opposants, notamment Réckya Madougou. Mais la politique ne se limite pas à l’intégrité morale. Elle exige une force de frappe électorale, une expérience du terrain, un leadership charismatique, une capacité à rassembler, et surtout, une compétence stratégique pour conquérir et exercer le pouvoir.

Or, le candidat en question  est un homme du droit, pas un homme d’État. Il n’a ni base électorale solide, ni expérience politique prouvée, ni réseau national mobilisable à grande échelle. Le choisir aujourd’hui reviendrait à confondre symbole et solution, hommage et stratégie, souvenir et futur.

Un choix qui fragilise la crédibilité du parti LD

La succession de reports du conseil national montre déjà un manque de clarté dans la ligne stratégique du parti. Miser sur cet avocat, c’est ajouter à cette confusion une erreur de casting majeure. C’est envoyer le message que LD ne cherche pas vraiment le pouvoir, mais une tribune de contestation.

Et si Les Démocrates se présentent aux électeurs sans volonté ferme de gouverner, avec un profil trop effacé, ils risquent :

Une démobilisation massive de leur base militante,

Une abstention record chez les électeurs de l’opposition,

Une marginalisation dans les rapports de force politiques,

Et enfin, une reconduction quasi-assurée du régime actuel.

Boni Yayi, dernier garant de la stratégie de conquête

Boni Yayi est aujourd’hui le seul à pouvoir empêcher que ce choix risqué ne prenne corps. S’il laisse faire, il cautionnera de fait une orientation politique molle, inefficace, et probablement vouée à l’échec.
Mais s’il s’y oppose clairement, il peut encore :

Rappeler l’ambition originelle du parti : reconquérir démocratiquement le pouvoir ;

Rappeler l’importance de choisir un candidat de terrain, rassembleur, capable de dialoguer au-delà de l’opposition classique ;

Éviter que 2026 ne devienne une simple répétition de 2021, avec des figures symboliques mais sans ancrage populaire.

Le rêve irréaliste d’une alternance

Enfin, une question s’impose avec force : Talon remettra-t-il le pouvoir à l’avocat de Réckya Madougou ? À ce jour, il refuse toujours la grâce présidentielle à cette dernière, malgré les multiples appels nationaux et internationaux. Il n’a montré aucun signe d’ouverture vers une réconciliation avec ceux qu’il considère comme des adversaires irréductibles.

Croire qu’il accepterait de passer le témoin à cet avocat  relève, pour le moment, de la pure illusion.

Yayi ne doit pas valider une erreur

Le parti Les Démocrates se trouve à un tournant historique. Il peut choisir la voie de l’efficacité, de la stratégie, et de la conquête du pouvoir. Ou bien s’enliser dans un choix sentimental, juridique, et inopérant.

Boni Yayi ne doit pas laisser faire. Son silence, sa neutralité, ou son soutien tacite à la candidature de l’avocat  seraient perçus comme un abandon de leadership.

Ceux qui croient encore à une alternance crédible au Bénin attendent de lui qu’il prenne ses responsabilités, qu’il stoppe la dérive symbolique, et qu’il oriente son parti vers un vrai choix de pouvoir.

En politique, on ne gagne pas avec des intentions, mais avec des candidats taillés pour la victoire.
Et aujourd’hui, ce n’est pas le cas de cet homme de droit.

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