Quotidien béninois d'Informations d'Analyses et de Publicité

Controverse sur la représentativité des partis politiques au Bénin : Jacques Ayadji recadre Bertin Koovi

0 201

Le climat politique béninois se réchauffe à l’approche des prochaines échéances électorales, et certains propos ne passent pas inaperçus. Dans une récente sortie médiatique, l’acteur politique Bertin Koovi a vivement critiqué les partis n’ayant pas franchi la barre des 10 % des suffrages exprimés au niveau national lors des dernières élections. Selon lui, ces partis ne devraient plus prétendre à une quelconque représentativité, ni s’attendre à être considérés dans la gestion des affaires locales ou nationales.

Cette prise de position, justifiée par une lecture arithmétique des résultats électoraux et une prétendue nécessité d’efficacité politique, a suscité une réaction ferme de Jacques Ayadji, président du Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE-BÉNIN).

Dans une déclaration au ton tranchant, Jacques Ayadji n’a pas mâché ses mots, s’adressant directement à Bertin Koovi :

« Il est juste à regretter qu’un esprit aussi brillant comme toi, ait pu être recruté pour prêter sa voix à un exercice d’aussi bas étage, dont la finalité est aisément lisible entre les lignes. C’est tout comme si aucun membre de ce qui a été nommé cabinet n’était capable d’en faire la lecture. C’est bien curieux, n’est-ce pas ? »

Un rappel à l’histoire politique récente

Jacques Ayadji ne s’est pas contenté de répondre sur la forme. Il a rappelé l’expérience politique de 2016, où une coalition prétendument favorite – à laquelle appartenait un député associé à Koovi – s’était effondrée face à une autre coalition donnée perdante au départ.

« Nous avons déjà vu, dans ce pays en 2016, une coalition, à laquelle appartenait le député dont le soi-disant cabinet aurait produit ce chiffon, chanter à qui voulait l’entendre que le match était déjà plié (se fondant sur une certaine arithmétique de l’époque). Elle avait lamentablement échoué face à la coalition de la rupture. »

Pour Ayadji, les résultats d’une élection sont l’expression changeante de la volonté populaire, et non une vérité figée dans le marbre.

Un avertissement contre la réduction du pluralisme politique

L’un des points centraux de la réponse du président de MOELE-BÉNIN réside dans sa critique d’une lecture restrictive de la démocratie, qui viserait à limiter l’expression politique à trois ou quelques regroupements.

« Réduire l’expression populaire (élections) à l’appartenance exclusive à trois regroupements politiques est une insulte à nos populations et à leur intelligence, un mépris pour leur libre arbitre, une confiscation de leur droit et de leur liberté, ainsi qu’un déni de démocratie et de la souveraineté du peuple. »

Ayadji rappelle que tous les partis politiques disposant d’un récépissé définitif sont réputés nationaux selon la loi béninoise, et que le seuil de 10 % ne doit pas être perçu comme une barrière à l’existence ou à la légitimité politique.

Contre la stigmatisation des localités « recalées »

Le président de MOELE-BÉNIN dénonce une pratique politique dangereuse, consistant à faire croire aux populations que leur localité sera exclue des bénéfices du développement ou de la gestion municipale si leur parti, même majoritaire localement, ne franchit pas le seuil national de représentativité. Il prend pour exemple les élections communales de 2020 à Porto-Novo :

« Si des filles ou fils d’une localité perdent les élections parce que leur parti politique, bien que majoritaire localement, n’a pas pu obtenir les performances requises au plan national pour lever des sièges au plan local, les sièges reviendront à d’autres filles ou fils de la même localité. À moins qu’on ne me démontre que le conseil municipal de Porto-Novo n’est pas composé des filles et fils de cette ville. »

Un plaidoyer pour un militantisme responsable

Dans sa déclaration, Ayadji plaide en faveur de l’émergence d’un militantisme de qualité, s’opposant au « militantisme de caniveau » qui, selon lui, fragilise les bases de la démocratie béninoise.

« Aucun développement de notre pays n’est possible sans un militantisme de qualité. Est-ce parce qu’il y a des notes éliminatoires à un examen que des candidats supposés faibles doivent s’associer à ceux supposés forts pour affronter, en groupe, les épreuves dudit examen ? »

Et d’ajouter dans un ton imagé :

« Ce n’est pas avec le bâton ou le vinaigre qu’on attire une mouche. Ce n’est pas non plus avec le dénigrement qu’on courtise une femme. »

Une mise en garde contre la dérive autoritaire déguisée

En conclusion, Jacques Ayadji met en garde contre les dérives potentielles d’un discours politique exclusiviste, qui pourrait aboutir à confisquer la voix des électeurs sous prétexte d’efficacité politique ou de rationalisation des partis.

Il invite toute la classe politique, toutes tendances confondues, à s’élever au-dessus des calculs électoralistes, pour faire vivre un pluralisme fondé sur les idées, les projets et le respect du peuple.

Intégralité de son message

Très cher ami Bertin Koovi,

J’accuse bonne réception de ce texte et de sa lecture par tes soins que tu as bien eu la courtoisie et l’amitié de m’envoyer, et je t’en sais gré.

Il est juste à regretter qu’un esprit aussi brillant comme toi, ait pu être recruté pour prêter sa voix à un exercice d’aussi bas étage, dont la finalité est aisément lisible entre les lignes. C’est tout comme si aucun membre de ce qui a été nommé cabinet n’était capable d’en faire la lecture. C’est bien curieux, n’est-ce pas ?
Être en mesure d’obtenir dix pour cent (10 %) des suffrages exprimés au plan national lors d’une élection n’est ni un projet de société, ni une offre politique, encore moins une offre de législature. Le débat et l’animation de la vie politique doivent avoir pour socles des idées, des propositions, un projet, et non du superfétatoire.

Par ailleurs, et juste pour mémoire, il me plaît de rappeler à ton attention que nous avons déjà vu, dans ce pays en 2016, une coalition, à laquelle appartenait le député dont le soi-disant cabinet aurait produit ce chiffon, chanter à qui voulait l’entendre que le match était déjà plié (se fondant sur une certaine arithmétique de l’époque). Elle avait lamentablement échoué face à la coalition de la rupture, qui n’était à l’époque créditée que d’un pourcentage quasi nul.

Les résultats d’une élection, comme tu dois le savoir, sont l’expression de l’opinion d’un peuple à un moment donné. Si le peuple devait avoir la même opinion à tout moment, pourquoi n’entérinerions-nous pas les mêmes résultats à chaque élection plutôt que d’engager d’énormes ressources pour l’organisation périodique de nouvelles élections ?

Arrêtons de nous ridiculiser, car la loi a clairement stipulé qu’un parti politique au Bénin, et tout parti politique disposant d’un récépissé définitif, est réputé national. Encore une fois, je demande à toute la classe politique, toutes tendances confondues, de travailler à l’émergence d’un militantisme de qualité, pour mettre fin à ce militantisme de caniveau.

Aucun développement de notre pays n’est possible sans un militantisme de qualité. Est-ce parce qu’il y a des notes éliminatoires à un examen que des candidats supposés faibles doivent s’associer à ceux supposés forts pour affronter, en groupe, les épreuves dudit examen ?

Retenez, une fois pour toutes, que ce n’est pas avec le bâton ou le vinaigre qu’on attire une mouche. Ce n’est pas non plus avec le dénigrement qu’on courtise une femme. Arrêtez de dire aux populations que leurs localités seront exclues si leur parti politique, majoritaire dans ces localités, ne remporte aucun siège local pour défaut de performance au plan national, car tous les partis politiques présentent des candidats de ces localités. Si des filles ou fils d’une localité perdent les élections parce que leur parti politique, bien que majoritaire localement, n’a pas pu obtenir les performances requises au plan national pour lever des sièges au plan local, les sièges reviendront à d’autres filles ou fils de la même localité, dont les partis politiques auront obtenu les performances exigées, comme ce fut le cas dans la ville de Porto-Novo aux élections municipales et communales de 2020. À moins qu’on ne me démontre que le conseil municipal de Porto-Novo n’est pas composé des filles et fils de cette ville, parce que le parti majoritaire à Porto-Novo avait été recalé pour défaut des dix pour cent (10 %) au plan national.

Enfin, je voudrais ici me préoccuper, au plus haut point, du vrai mobile derrière ce dilatoire, et espérer qu’il a été bien réfléchi. Car réduire l’expression populaire (élections) à l’appartenance exclusive à trois regroupements politiques est une insulte à nos populations et à leur intelligence, un mépris pour leur libre arbitre, une confiscation de leur droit et de leur liberté, ainsi qu’un déni de démocratie et de la souveraineté du peuple.

Nous sommes le 29 août 2025.


O.H.S Jacques AYADJI
Président du Parti Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE-BÉNIN)

Leave A Reply

Your email address will not be published.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More

X