Le ministre d’État Romuald Wadagni désigné par la mouvance présidentielle pour briguer la magistrature suprême en 2026 peut bien faire le job. Le Chef de l’État, le président Patrice Talon qui l’a choisi comme dauphin, fruit d’une large concertation avec les responsables des deux principales forces politiques du pays — le Bloc Républicain (BR) et l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R) ne s’est pas trompé de personne. Cette décision stratégique place un technocrate aguerri au cœur du jeu politique national.
Qui est Romuald Wadagni ?
Né le 20 juin 1976 à Lokossa, Romuald Wadagni est le fils de Nestor Wadagni, économiste et statisticien formé à l’ENSAE. Aîné d’une fratrie de cinq enfants, il a grandi dans un environnement propice à l’exigence intellectuelle et à la rigueur, cultivant dès son jeune âge un goût prononcé pour les activités manuelles comme la maçonnerie ou la mécanique — un trait de caractère qui symbolise sa polyvalence et son pragmatisme.
Un parcours académique d’excellence
Titulaire d’un baccalauréat scientifique obtenu au Bénin, Romuald Wadagni poursuit ses études supérieures en France. De 1995 à 1999, il suit un cursus en finances à l’École supérieure des affaires de Grenoble, qu’il termine major de sa promotion. Repéré par le cabinet Deloitte, il commence sa carrière à Lyon avant de décrocher, en 2003, le prestigieux diplôme d’expert-comptable américain (Certified Public Accountant).
Installé ensuite aux États-Unis, il devient Audit Manager chez Deloitte à Boston, où il participe à de grandes opérations financières à l’international. En 2007, il complète sa formation par un diplôme en capital investissement et capital-risque à la Harvard Business School. Sa carrière prend un tournant décisif lorsqu’il devient, à seulement 36 ans, associé de Deloitte. Il joue un rôle clé dans le développement du réseau en Afrique francophone, notamment par l’ouverture des bureaux de Kinshasa et Lubumbashi.
En 2015, il prend la tête des activités d’audit pour toute l’Afrique francophone tout en décrochant un MBA à Harvard, consolidant ainsi un profil international rare dans la haute sphère financière africaine.
De la finance internationale au service de l’État
Fort de 17 années d’expérience sur trois continents, Romuald Wadagni est nommé le 7 avril 2016 ministre de l’Économie et des Finances du Bénin par le président Patrice Talon. Il est reconduit en 2021 avec le rang de ministre d’État, preuve de la confiance renouvelée du chef de l’État.
Sous son impulsion, les finances publiques béninoises connaissent une profonde transformation. En 2018, il supervise la toute première émission d’obligations internationales du pays (260 millions d’euros). Trois ans plus tard, en 2021, il réussit une levée de fonds record d’un milliard d’euros, incluant un eurobond de 31 ans — une première pour un pays émergent. Il franchit un cap supplémentaire en juillet de la même année en positionnant le Bénin comme le premier pays africain à émettre un eurobond vert aligné sur les Objectifs de développement durable (500 millions d’euros).
Les réformes engagées sous sa direction font rapidement du Bénin un modèle en matière de transparence budgétaire. En 2023, le pays atteint un score de 79/100 à l’Enquête sur le Budget Ouvert, le classant premier parmi les pays francophones et deuxième à l’échelle continentale — un progrès notable par rapport au score de 2017, qui était de 39/100.
Un choix stratégique et symbolique
La désignation de Romuald Wadagni comme dauphin de Patrice Talon dépasse le cadre d’une simple succession institutionnelle. Elle symbolise une volonté claire : assurer la continuité des réformes économiques engagées depuis 2016 tout en inscrivant le Bénin dans une logique de modernisation et d’attractivité internationale.
Technocrate rigoureux, discret mais redoutablement efficace, Wadagni conjugue une expertise pointue en gestion macroéconomique et une stature politique croissante. Sa candidature à la magistrature suprême incarne une vision : celle d’un Bénin tourné vers l’avenir, prêt à consolider ses acquis économiques tout en accélérant son développement.
Avec ce choix, Patrice Talon entend marquer durablement l’histoire politique du pays, en confiant l’héritage de son action à un homme de confiance, à la fois compétent et profondément ancré dans la logique de résultats.