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Retrait de fiches de parrainage à la CENA : quand l’opposition infantilise ses propres élus

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Hier mardi, une scène pour le moins troublante s’est jouée à la Commission électorale nationale autonome (CENA). Les députés du principal parti de l’opposition, Les Démocrates, ont été transportés en groupe dans un bus affrété pour aller retirer leurs fiches de parrainage, document indispensable pour la candidature à l’élection présidentielle de 2026. Une opération présentée comme une simple démarche administrative mais qui soulève de nombreuses questions sur l’autonomie réelle des élus de cette formation politique.

À leur arrivée à la CENA, les députés, visiblement encadrés de bout en bout, ont effectué le retrait du précieux document… qu’ils n’ont même pas conservé. Selon plusieurs sources concordantes, les fiches ont été aussitôt remises entre les mains du président du parti, l’ancien chef de l’État Boni Yayi. Aucune déclaration individuelle, aucune prise de position personnelle n’a été relevée. Tout s’est passé dans un silence collectif quasi militaire, révélateur d’un malaise plus profond : la mise sous tutelle des représentants du peuple par l’appareil partisan.

Cette manière de faire interroge. En démocratie, un député est censé agir en conscience, dans le respect de son mandat et de la Constitution. Or, ce qui s’est passé hier ressemble davantage à une démonstration d’autorité qu’à une expression de pluralisme interne. Si le parti Les Démocrates s’est battu pour obtenir des élus à l’Assemblée nationale, il est regrettable que ces derniers soient réduits à de simples exécutants d’une volonté centralisée.

L’image du bus, symbole d’un déplacement groupé et encadré, devient ici une métaphore forte : celle d’une opposition qui peine à faire confiance à ses propres cadres, préférant la discipline rigide à la responsabilité individuelle. Ce choix politique, loin de renforcer la crédibilité démocratique du parti, nourrit l’idée d’un fonctionnement opaque, autoritaire et peu respectueux des règles élémentaires de la vie parlementaire.

Dans un contexte où la démocratie béninoise a besoin de débats ouverts, d’élus libres et de contre-pouvoirs forts, l’infantilisation des députés – qu’elle vienne du pouvoir ou de l’opposition – est un recul préoccupant. Les électeurs attendent de leurs représentants qu’ils soient des acteurs politiques à part entière, non de simples figurants dans une mise en scène orchestrée d’en haut.

Plus que jamais, la politique béninoise a besoin de maturité.

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