À quelques mois de la présidentielle béninoise de 2026, Daniel Edah, ancien haut fonctionnaire et candidat déclaré, a adressé une lettre ouverte aux professionnels des médias et aux activistes du numérique. Dans un ton à la fois ferme et rassembleur, il y dénonce la précarité du secteur médiatique et appelle à un sursaut collectif pour reconstruire une presse libre, forte et indépendante.
Une presse affamée ne peut pas être libre
Dans sa missive intitulée « Le dilemme », Daniel Edah dresse un constat sans concession de l’état actuel de la presse béninoise : fragilisée, dépendante, souvent contrainte de quémander “enveloppes” et “petits gestes” auprès des puissants. Selon lui, cette situation compromet gravement le rôle de la presse comme quatrième pouvoir, indispensable à toute démocratie.
« Une presse qui mendie ne peut pas être indépendante. Une presse réduite à l’instantané ne peut pas jouer son rôle », déclare-t-il, pointant du doigt une réalité bien connue mais rarement abordée aussi frontalement dans le débat politique.
Un message de reconnaissance et de rupture
Malgré ce tableau sombre, le candidat ne manque pas de saluer le courage de nombreux journalistes et activistes qui continuent, selon lui, de faire leur travail avec professionnalisme et intégrité. Il les remercie d’avoir su “donner écho à [sa] vision sans manipulation aucune”, et de maintenir vivant le débat public à travers les médias traditionnels comme les plateformes numériques.
Mais Daniel Edah entend aller plus loin : il prend des engagements clairs pour remettre la presse au cœur de la démocratie béninoise.
Six engagements majeurs pour redresser le secteur
S’il est élu en 2026, Daniel Edah promet de :
- Mettre fin à la clochardisation de la presse en instaurant un financement transparent et durable ;
- Soutenir la création de médias viables économiquement, capables de mieux rémunérer les journalistes ;
- Garantir une véritable liberté éditoriale, sans dépendance financière aux puissants ;
- Redonner à la presse son rôle de vigie démocratique ;
- Valoriser les activistes et influenceurs numériques comme partenaires de l’information citoyenne ;
- Intégrer les médias dans la stratégie nationale de développement économique et social.
“Je ne distribuerai pas de miettes”
Refusant la logique clientéliste qui, selon lui, a marqué les pratiques politiques du passé, Edah affirme ne pas vouloir céder aux “compromis mortels” ni aux soutiens intéressés. Il trace une ligne de rupture nette :
« Ma main ne distribuera pas de miettes. Elle tendra au contraire les clés d’un avenir où la presse béninoise sera forte, digne et libre. Car la dignité ne s’achète pas : elle se construit. »
Un appel à la mobilisation citoyenne
Au-delà des seuls professionnels de l’information, c’est l’ensemble des Béninois que le candidat invite à se saisir de cet enjeu. Il estime que la liberté de la presse est l’affaire de tous, car “une presse mendiante ne défendra jamais le peuple contre les abus du pouvoir”.
Il conclut sa lettre par un appel solennel à l’unité autour d’un projet national de reconstruction médiatique et démocratique, qu’il considère comme une condition indispensable à la prospérité collective.
“Ensemble, nous le ferons et il fera beau !”
Par cette formule finale devenue sa signature, Daniel Edah résume sa vision : celle d’un Bénin souverain, juste, stable et économiquement prospère – à condition que l’indépendance de la presse et la vitalité démocratique soient placées au cœur de l’action publique.
Lettre ouverte de Daniel Edah à la presse béninoise
POUR UNE PRESSE DIGNE ET INDÉPENDANTE : LE DILEMME
Chers professionnels des médias,
Chers activistes des réseaux sociaux,
Chers compatriotes,
La générosité construite sur le siphonnage du bien commun n’est pas une vertu. Elle est une corruption raffinée, une ruse diabolique qui travestit l’injustice en bienveillance. Trop souvent, elle consiste à dépouiller la collectivité pour distribuer quelques miettes, en obligeant les victimes à applaudir leurs propres bourreaux.
C’est dans ce cercle vicieux que la presse béninoise est enfermée depuis trop longtemps. Journalistes, animateurs, chroniqueurs, photographes, vous qui devriez être les gardiens de la vérité et les éclaireurs de la société, vous avez été réduits, par la logique de survie, à dépendre des enveloppes, des faveurs et des “petits gestes” des puissants. Une presse affamée ne peut pas être libre. Une presse qui mendie ne peut pas être indépendante. Une presse réduite à l’instantané ne peut pas jouer son rôle de quatrième pouvoir, indispensable à la démocratie.
Pourtant, je voudrais, avant toute chose, exprimer ma profonde reconnaissance à celles et ceux qui, dans ce contexte difficile, ont su rester fidèles à l’éthique professionnelle et à la vérité. À vous, journalistes courageux qui, depuis plusieurs années, avez donné écho à notre vision et rendu compte de nos activités sans manipulation aucune. À vous aussi, activistes des réseaux sociaux, qui avez utilisé vos plateformes pour éclairer le débat public, stimuler la conscience citoyenne et porter la voix du peuple là où certains voulaient l’étouffer. Votre engagement est une preuve que l’intégrité est possible, même dans l’adversité.
Or, sans démocratie vivante et sans presse forte, notre vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable, dans une Afrique bien intégrée et en plein essor, ne saurait se réaliser. Car l’économie de production et de transformation que nous voulons bâtir repose sur la confiance, la transparence et la vérité. Elle doit permettre à chaque citoyen d’accéder dignement à l’alimentation, au logement, au vêtement, à l’éducation, à la santé et à la sécurité. Pour réussir cette transformation, la presse et les acteurs du numérique ont un rôle stratégique : informer, sensibiliser, contrôler et accompagner le peuple dans cette marche vers la prospérité partagée.
MON ENGAGEMENT
En tant que candidat à l’élection présidentielle de 2026, je prends l’engagement clair et ferme de :
- Mettre fin à la clochardisation de la presse en instaurant des mécanismes transparents et viables de financement public et privé ;
- Accompagner la création d’entreprises de presse solides, capables de rémunérer dignement leurs employés ;
- Garantir la liberté éditoriale, en coupant définitivement le cordon de la dépendance aux “motivations pécuniaires” ;
- Restaurer la place de la presse comme pilier de la démocratie et moteur de l’éveil citoyen, capable de questionner, d’éclairer et de contrôler l’action publique ;
- Valoriser le rôle des activistes et influenceurs numériques en tant que relais essentiels de l’information citoyenne et du débat démocratique ;
- Faire des médias, classiques et numériques, des partenaires stratégiques dans la construction d’une économie nationale de production et de transformation, au service d’une prospérité durable et inclusive.
LE DILEMME QUE NOUS DEVONS TRANCHER
Je le sais : dans le quotidien difficile que vivent nombre de journalistes, la tentation du court terme est grande. Certains voudraient que le candidat fasse comme les politiciens d’hier : distribuer quelques faveurs, soulager quelques détresses, quitte à sacrifier l’avenir. D’autres, tapis dans l’ombre, espèrent corrompre cette volonté de changement en échange de leur soutien intéressé.
Je vous le dis sans détour : je choisis la voie de l’intégrité et de la durabilité. Ma main ne distribuera pas de miettes. Elle tendra au contraire les clés d’un avenir où la presse béninoise et les acteurs du numérique seront forts, dignes et libres. Car la dignité ne s’achète pas : elle se construit.
UNE CAUSE NATIONALE
La question dépasse la seule profession de journaliste. Elle interpelle chaque citoyen. Une presse mendiante ne défendra jamais le peuple contre les abus du pouvoir. Une presse dépendante ne sera jamais le miroir fidèle de la société. Voilà pourquoi je vous appelle, vous journalistes, vous activistes, mais aussi vous citoyens, à soutenir ce choix courageux : refuser les compromis mortels, tenir ferme, exiger la dignité et bâtir ensemble une presse et un espace médiatique indépendants.
Si nous échouons, ce n’est pas seulement la presse qui retombera dans les chaînes. C’est la démocratie tout entière qui perdra un de ses piliers essentiels. Mais si nous réussissons, nous ouvrirons la voie à un Bénin nouveau, où la vérité pourra éclairer l’action publique, et où la presse retrouvera sa grandeur pour accompagner notre pays vers la prospérité partagée.
Je prends cet engagement devant vous, devant la Nation et devant l’Histoire.
Pour une presse digne, indépendante et fière,
Pour des réseaux sociaux engagés et crédibles,
Pour une démocratie vivante et une prospérité partagée,
Pour un Bénin prospère, stable, juste et souverain,
Ensemble, nous le ferons et il fera beau!
Daniel Edah