En Afrique du Sud, une réforme législative vient bousculer une tradition bien ancrée : les hommes peuvent désormais légalement adopter le nom de famille de leur épouse après le mariage. Jusqu’ici, seul le changement de nom de la femme au profit de celui de son mari était largement facilité par la loi.
Cette modification, saluée par les défenseurs des droits humains, a été officialisée par une décision du ministère de l’Intérieur, à la suite d’un jugement de la Cour constitutionnelle, qui a estimé que l’ancienne législation violait le principe d’égalité inscrit dans la Constitution sud-africaine.
« C’est une victoire symbolique mais très concrète pour l’égalité entre les sexes », a déclaré Thando Mokoena, juriste spécialiste du droit de la famille. « Le fait qu’un homme puisse prendre le nom de sa conjointe sans devoir justifier de manière exceptionnelle ce choix met fin à une inégalité profondément enracinée. »
Une démarche auparavant complexe
Avant cette réforme, les hommes souhaitant adopter le nom de leur épouse devaient entamer une longue procédure administrative, parfois assortie de justifications écrites, voire de frais supplémentaires. À l’inverse, le changement de nom de la femme était automatique et gratuit, perpétuant l’idée que l’identité masculine reste la référence dans le mariage.
Pour certains couples, cette nouvelle liberté est l’occasion d’exprimer un engagement plus équilibré. Sipho Dlamini, récemment marié à Lerato Mahlangu, a choisi de porter désormais le nom de Mahlangu. « C’est un choix personnel et symbolique. Lerato est une femme forte, et son nom est lié à l’histoire de sa famille. Je suis fier de le porter », explique-t-il.
Un pas vers une société plus égalitaire
L’Afrique du Sud, bien qu’ayant l’une des constitutions les plus progressistes du monde, reste confrontée à de fortes inégalités de genre, notamment dans le droit coutumier, les milieux ruraux ou certains cercles religieux. Cette réforme s’inscrit dans une série d’efforts du gouvernement visant à moderniser les lois familiales et à promouvoir un partage plus équitable des responsabilités et des identités au sein du couple.
Des associations féministes espèrent que cette avancée en inspirera d’autres, notamment dans les domaines du congé parental, de la représentation politique ou de la lutte contre les violences domestiques.