Gabriel Laurex Ajavon, Vice-Président du parti de la flamme Renouvelée, candidat malheureux aux élections présidentielles de 2016 et membre fondateur de la coalition de la Rupture qui a porté Patrice Talon au pouvoir, s’adresse au président de la République dans une lettre ouverte où il raconte les circonstances de son arrestation à Lomé et fait de pertinentes propositions pour 2026. << Il faut impérativement que le président élu en 2026 ait la légitimité des urnes, face aux enjeux de tout genre que nous vivons en ce moment. Pour commander, il faut savoir obéir>>
À Son Excellence Monsieur Patrice Guillaume Athanase TALON
Excellence Monsieur le Président,
Je réponds à l’état civil au nom de Gabriel Laurex Ayivi AJAVON. J’ai été candidat aux élections présidentielles de 2016 au même titre que vous. J’ai fait partie de la coalition qui vous a porté à la magistrature suprême. J’avais fait campagne avec Monsieur Alexandre HOUNTONDJI et, paix à son âme, Monsieur Marcel DE SOUZA. J’ai été le premier à sortir de cette coalition deux mois après votre prestation de serment, au cours d’une émission radio sur Océan FM de notre cher ami Charles TOKO. Vous pourrez aisément retrouver l’enregistrement de cette émission.
À l’initiative de Monsieur Gilbert EDA, des patriotes et moi avons créé le Parti La Flamme Renouvelée en mai 2017 à Azové. Mais je ne vais pas vous prendre plus de temps, je vais aller à l’essentiel.
J’ai voté aux élections législatives du 8 janvier 2023 à mon bureau de vote habituel et ai appelé à voter pour l’opposition. Le 22 janvier 2023, j’ai eu une séance de travail avec des partenaires à qui je proposais une réédition de comptes. J’ai regagné Lomé le lendemain pour des raisons professionnelles et familiales.
Le 24 janvier 2023, des agents de la Brigade Économique et Financière (BEF) sont allés déposer une convocation dans l’un de mes bureaux, me demandant de me présenter le lendemain, 25 janvier 2023, à la BEF à 10 heures.
À ma grande surprise, ce même 24 janvier 2023, le bureau d’Interpol Bénin a envoyé un message au bureau d’Interpol Togo demandant qu’on m’interpelle et me mette à la disposition de la police béninoise. Je ne suis pas un délinquant, mon casier judiciaire est vierge au Bénin comme au Togo. Avant même de m’entendre, on met la police à mes trousses. Ce n’est pas ainsi que je conçois le fonctionnement de la justice de mon pays.
Le 20 mars 2023, Monsieur Septime ASSOGBA m’a envoyé un audio dans lequel il se vantait de ses accointances avec votre pouvoir. Cet audio a fait le tour des réseaux sociaux.
Début mai 2023, Monsieur Boris TOUGAN a publié, sans vérifier ses informations, des propos calomnieux à mon encontre, me traitant de tous les noms et faisant relayer ces accusations par Madame Actu. Cela a conduit à mon interpellation à Lomé le 17 mai 2023, suivie de mon incarcération le 23 mai 2023, où je me trouve encore aujourd’hui.
Les griefs à mon encontre relèvent d’un conflit d’ordre commercial, plutôt que d’une violation des lois pénales. J’ai établi ma réputation sur une quarantaine d’années. J’ai même eu l’opportunité et le privilège d’effectuer une mission officielle de trois jours avec le père de la nation, le Général Mathieu KÉRÉKOU. Paix à son âme. Un commissaire de police, aussi zélé soit-il, ne peut pas poser un tel acte sans couverture au sommet de l’État.
Depuis plus d’un an, le ministère public et moi poursuivons Monsieur Septime ASSOGBA, Monsieur Boris TOUGAN, Madame NAON Mimata et consorts pour diffamation.
• Monsieur Boris TOUGAN a été condamné à cinq ans d’emprisonnement pour escroquerie dans une affaire de vente de graines de coton.
• Monsieur Septime ASSOGBA, lui aussi condamné à cinq ans d’emprisonnement dans la même affaire que Monsieur Boris TOUGAN, a pris la clé des champs.
• Monsieur Séverin QUENUM, ministre de la justice de l’époque, en ce moment introuvable.
• Monsieur Olivier BOKO est condamné à vingt ans d’emprisonnement et incarcéré.
Le karma existe. C’est la nature qui nous gratifie, c’est aussi la nature qui nous fouette. La nature ne laisse aucune de ses factures impayées.
À petits pas, tout doucement mais sûrement, le caméléon atteint le sommet du fromager. Je vous prie d’aller au Palais du Roi AKABA à Abomey pour en obtenir la traduction en Fon.
J’ai profité de ce long temps de pèlerinage pour faire un diagnostic poussé de notre état de vivre-ensemble au Bénin. Vous avez effectué deux mandats, vous avez fait bouger les lignes, c’est une période transitoire.
À ce jour, seul le peuple béninois souverain peut vous offrir ce dont vous avez besoin. Pas de désignation de dauphin, même votre propre fils ne pourrait vous offrir la garantie que vous recherchez.
Ma première recommandation est que l’on revienne à la Constitution de 1990, celle-là même qui vous a porté au pouvoir. Pas de conférence nationale, pas d’amnistie, mais une grâce présidentielle. Rien qu’en faisant cela, vous obtiendrez le pardon de la moitié des Béninois. Votre bilan vous offrira également celui d’un quart de nos compatriotes. Le pardon est un acte volontaire.
N’ayez aucune crainte. Vous avez l’obligation de réparer les injustices créées durant vos deux mandats. Vous devez tout faire pour que nous ayons une élection présidentielle libre, inclusive et transparente en 2026.
Il faut impérativement que le président élu en 2026 ait la légitimité des urnes, face aux enjeux de tout genre que nous vivons en ce moment. Pour commander, il faut savoir obéir.
Le Bénin nous a tout donné. À notre tour, ensemble, conjurons le mauvais sort afin de bénéficier des bénédictions que nous ont laissées nos ancêtres.
Dans l’espoir que vous lirez ma lettre avec une grande attention, je vous prie, Excellence Monsieur Patrice Guillaume Athanase TALON, d’accepter mes sincères salutations.
Gabriel Laurex Ayivi AJAVON