Mes chers amis,
Ce soir, il me plaît d’aborder avec vous un sujet sur lequel je me suis abstenu jusqu’à présent de me prononcer, non parce que j’y suis insensible mais plutôt Parce que j’ai souvent pensé que les promoteurs de cette volonté ne se sont pas toujours posé les bonnes questions ces derniers temps: D’où venons nous ?, Où allons nous ?
Et bien, je veux à présent donner mon avis sur l’éventualité d’un troisième mandat pour le président Talon ou encore la possibilité d’un second mandat dans une éventuelle nouvelle république qui aurait cours depuis la révision constitutionnelle de 2019.
Chers tous,
Le 11 février 2013, le Pape Benoît XVI annonçait sa renonciation au trône de saint Pierre à partir du 28 février 2013, pour des raisons de santé devenant ainsi le premier Pape de l’ère moderne à démissionner depuis Grégoire XII qui y avait été contraint en 1415.
Pour de nombreuses personnes à travers le monde, cette décision du souverain pontife était l’expression de sa modernité. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le présent en se remettant spontanément à l’histoire, sous ces deux formes : le recueil d’exemples et la marche du temps, c’est plutôt la majesté de cette décision qui frappe.
En effet s’exprimant dans la vieille langue de l’église; le latin, le pontife déclara : < je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne me permettent plus d’exercer adéquatement le ministère pétrinien. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie et la foi, pour gouverner la barque de Saint Pierre et annoncer l’évangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié.>
Mes chers amis, ces paroles extraordinaires ne sont pas celles d’un cadre dirigeant ou d’un haut fonctionnaire atteint par la limite d’âge. Pour ma part, elles font référence au discours de Charles Quint prononcé le 25 Octobre 1555: < je me sens maintenant si fatigué que je ne saurais vous être d’aucun secours, comme vous le voyez vous même. Épuisé et brisé comme je le suis, j’aurais des comptes à rendre à Dieu et aux hommes si je ne renonçais à gouverner.>
Chers tous, Benoît XVI n’était pas un monarque temporel, et nulle contrainte institutionnelle ne pesait sur lui. Seule la mort, selon la coutume, pouvait interrompre son règne. En ce retirant, il a donc renoué avec une vieille tradition souveraine: le pouvoir souverain d’abdiquer.
Maintenant quel est donc le sens de mon analogie ?
La loi N 40 du 07 novembre 2019 Portant modification de la constitution du 11 décembre 1990 stipule en son article 42: » nul ne peut de sa vie faire plus deux mandats en qualité de président de la république »
pourquoi ?
Est ce par volonté de limiter pour limiter ? Je crois que non ! Je pense que le législateur a pleinement conscience que cette fonction au service de la nation toute entière est suffisamment épuisante que l’on puisse demander à un être humain d’aller au delà deux mandats dans les limites de sa vie humaine.
Mais quand on sait que c’est le président Talon lui même qui à l’initiative de cette révision a tenu à faire inscrire dans la constitution cet alinéa de l’article 42, on comprend bien qu’il a déjà abdiqué depuis 2019 à un troisième mandat à tête du Bénin, donc le mandat qui réclame la mort.
Fred Adriano HOUENOU.