Quotidien béninois d'Informations d'Analyses et de Publicité

Bénin : Les syndicats exigent le reversement des AME dans la fonction publique

0 187


Les centrales syndicales CSA-Bénin, CGTB et UNSTB tirent la sonnette d’alarme sur la situation des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME). Réunis ce lundi à la Bourse du Travail de Cotonou, les leaders syndicaux ont dénoncé la précarité persistante de ces enseignants contractuels et exhorté le gouvernement à procéder à leur intégration dans la fonction publique.

Après six années de service dévoué, les AME continuent d’assurer une part essentielle des cours dans les établissements scolaires du pays, sans bénéficier de la stabilité professionnelle ni de garanties sociales. Présents aussi bien en milieu urbain que rural, leur contribution au fonctionnement du système éducatif béninois est jugée « indispensable » par les syndicats, qui dénoncent une forme d’injustice sociale prolongée.

« Ces enseignants maintiennent à flot notre système éducatif, souvent dans des conditions extrêmement difficiles, sans qu’on leur offre la reconnaissance qu’ils méritent », a déclaré un représentant de la CSA-Bénin. À ses côtés, les dirigeants de la CGTB et de l’UNSTB ont renchéri, appelant le président Patrice Talon à agir pour sortir ces milliers d’enseignants de l’insécurité professionnelle.

Les syndicats réclament ainsi le reversement pur et simple des AME dans la fonction publique, accompagné d’une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Pour eux, « un enseignant précaire ne peut assurer sereinement sa mission de transmission du savoir ». Ils soulignent également que l’absence de perspectives stables pousse nombre d’enseignants à l’abandon ou à la démotivation, au détriment de la qualité de l’éducation.

Face à cette situation, les centrales syndicales disent rester ouvertes au dialogue, mais préviennent que la mobilisation se poursuivra tant qu’aucune réponse concrète ne sera apportée. Elles appellent le gouvernement à faire preuve de responsabilité et de justice, afin de restaurer la dignité de ces travailleurs de l’ombre qui portent, à bout de bras, une grande partie du système éducatif béninois.

En lançant cet appel solennel, la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB rappellent que la dignité de l’enseignant est la pierre angulaire d’une éducation de qualité. Leur message au chef de l’État se veut à la fois un cri de détresse et une interpellation pressante à mettre fin à une situation jugée intenable.

APPEL DES CONFEDERATIONS SYNDICALES POUR LE REVERSEMENT DES ASPIRANTS AU METIER D’ENSEIGNANT (AME)

Plaidoyer pour le reversement des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) en Agents Contractuels de Droit Public de l’État (ACDPE) ou en Fonctionnaires d’État (FE), conformément aux engagements et promesses du gouvernement et en respect des principes de sécurité d’emploi, des normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et des droits humains.

Introduction

Depuis l’introduction du programme des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) en 2018, des milliers de jeunes diplômés ont été mobilisés pour répondre au déficit d’enseignants dans les écoles publiques du Bénin.

Ces travailleurs :

Assurent une fonction permanente dans l’appareil éducatif,

Interviennent dans toutes les zones du pays, y compris les plus reculées,

Exercent leurs missions avec professionnalisme et abnégation.

Pourtant, après plus de six années de service continu, tout est resté dans un statut précaire :

contrats annuels indéfiniment renouvelés,

rémunérations modestes,

absence de sécurité sociale complète,

inexistence de plan de titularisation.

Cette situation rend les AME particulièrement vulnérables dans une société où ils sont perçus tout le temps comme des enseignants de seconde zone, des travailleurs temporaires à avenir incertains. L’enseignant AME aussi, ne pouvant faire un projet de vie décent par rapport à son métier, vit continuellement dans la peur d’une rupture de contrat à tout moment.
Les promesses de reversement en 2024 n’ayant été tenues, l’échéance de juin 2025 fixé étant dépassé sans l’effectivité du reversement, la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB ont décidé une fois encore de rappeler la place prépondérante de ces travailleurs dans le système éducatif et de lancer un appel au gouvernement à cet effet en cette veille de la rentrée scolaire.

La sécurité d’emploi et impact des AME dans le système éducatif

Nous voulons profiter de cette tribune pour rappeler aux gouvernants que la sécurité d’emploi signifie qu’un travailleur occupant un poste permanent doit bénéficier d’un contrat stable et d’une protection contre le licenciement arbitraire. Elle interdit la rupture injustifiée du contrat de travail et limite les contrats temporaires à des besoins exceptionnels. Elle impose aux Etats de garantir un travail stable et productif pour tous. Dans le cas des AME, le recours répété à des CDD sur plus de six ans pour un emploi permanent viole l’esprit et la lettre de tous les textes alors que cette catégorie d’enseignants apporte une très bonne et grande contribution au système éducatif béninois.

Pour preuve, les AME assurent jusqu’à 40 % des heures d’enseignement dans certaines zones. Leur présence a permis de stabiliser le calendrier scolaire et d’éviter des fermetures de classes.

Grâce à leur engagement, le taux de couverture pédagogique dans certaines communes est passé de moins de 60 % à plus de 90 % (source : statistiques internes MEMP, 2024).
Sans leur contribution, l’État aurait été contraint de recruter massivement en urgence ou de recourir à des enseignants non qualifiés, avec un impact négatif sur la qualité des apprentissages.

Expérience et compétences acquises

Après plusieurs années de service, les AME ont acquis une maîtrise des programmes officiels, des méthodes pédagogiques et des outils d’évaluation. Ils ont bénéficié de formations continues organisées par les DDEMP et les inspections. Leur ancienneté leur confère une connaissance fine du terrain et des réalités des apprenants.

Ces critères répondent aux exigences de recrutement direct en ACDPE ou en FE, telles que prévues par les bonnes pratiques en matière de gestion des ressources humaines dans la fonction publique.
Il n’est pas superflu de rappeler que dans les années 2008, la fonction publique béninoise a déjà procédé à des reversements du genre si bien que le cas des AME ne serait pas une première.

Effets positifs attendus du reversement

Les AME, une fois reversés, auront une stabilité professionnelle, une motivation plus accrue et leur dignité ainsi serait restaurée.

Pour l’État, la fidélisation du personnel, une meilleure planification des ressources humaines et une maitrise de la qualité des enseignants serait profitable au système éducatif et à la nation; sans oublier l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Ce reversement mettrait aussi le Bénin en conformité avec les objectifs de développement durable (ODD 4 et ODD 8) relatifs à l’éducation de qualité et au travail décent.

Précédents et faisabilité

Des opérations similaires ont été menées dans le secteur de la santé et de l’administration territoriale avec succès. Les coûts d’intégration peuvent être lissés sur 2 à 3 ans grâce à un plan progressif.

Conclusion

Nous demandons au gouvernement et plus particulièrement au Chef de l’Etat d’avoir un regard bienveillant vers les AME afin d’apaiser leurs cœurs en cette veille de la rentrée en les reversant. C’est aussi une manière de les féliciter pour la qualité de leur travail qui influe sur les bons résultats des examens nationaux depuis quelques années.

Excellence, Monsieur le Chef de l’Etat, tous les regards sont tournés vers vous pour la solution finale de ce reversement. Les AME croient en vous en tant que bon père de famille, bon père pour tous les enfants du Bénin.

Les AME vous remercient d’avance.

Cotonou, le 20 Août 2025


Leave A Reply

Your email address will not be published.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More

X