La Commission électorale nationale autonome (CENA) a rendu publique, ce lundi 10 novembre 2025, la liste des partis politiques autorisés à prendre part aux élections communales prévues pour le 11 janvier 2026. Parmi les enseignements majeurs de cette publication : les deux formations politiques Les Démocrates et MOELE-Bénin ne seront pas de la course. Une décision qui suscite déjà de nombreux commentaires au sein de la classe politique. Voici les motifs exposés — et ce qu’ils traduisent dans le climat politique béninois.
1. Le cas des Démocrates : 120 pièces manquantes
Selon la CENA, le parti Les Démocrates « a présenté matériellement des pièces », mais sur les 473 pièces attendues au moment de la complétude, seules 353 ont été effectivement déposées, laissant apparaître une différence de 120 pièces manquantes.
Autrement dit, bien qu’un dépôt ait été effectué, le dossier n’a pas satisfait aux exigences formelles fixées par la loi électorale. Ce manquement a conduit l’institution à rendre la candidature du parti irrecevable.
Cette situation illustre la rigueur avec laquelle la CENA entend appliquer les dispositions légales, notamment celles relatives à la complétude des dossiers de candidatures. Une exigence formelle qui ne laisse aucune marge d’erreur, même pour le principal parti de l’opposition.
2. Le cas de MOELE-Bénin : dossier incomplet malgré présence
Du côté du Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE-Bénin), le problème est d’une autre nature. La CENA indique que, « bien qu’ayant été présent au siège de l’institution à la date et à l’heure fixées pour compléter son dossier, le parti n’a pas pu achever le rangement de ses pièces afin de permettre à la CENA d’assurer la complétude ».
Autrement dit, le parti a bien répondu à la convocation de la Commission, mais n’a pas finalisé la mise en ordre de ses documents. Résultat : la liste a été jugée incomplète.
Dans ce cas précis, ce n’est pas tant le nombre de pièces qui a posé problème, mais le non-respect du format administratif exigé pour valider le dépôt. Ce qui a suffi à justifier l’exclusion du parti de la compétition électorale.
3. Implications et contexte
Le rejet de ces deux formations politiques met en lumière plusieurs enjeux majeurs pour le processus électoral à venir.
• La formalité administrative comme critère de participation.
La CENA fonde sa décision sur une application stricte du Code électoral, notamment l’article 41, qui impose aux partis de déposer un dossier complet dans les délais impartis. Cette rigueur juridique vise à garantir la transparence du processus, mais elle questionne également l’équilibre entre exigence administrative et ouverture démocratique.
• Un paysage politique resserré.
Avec l’exclusion des Démocrates — principal parti d’opposition — et de MOELE-Bénin — formation issue de la mouvance présidentielle —, seuls trois partis sont désormais autorisés à prendre part aux communales : l’Union Progressiste – Le Renouveau (UP-R), le Bloc Républicain (BR) et les Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE). Une configuration qui réduit la diversité de l’offre politique sur le terrain.
• Une crédibilité institutionnelle à préserver.
En rendant publiques les raisons précises de l’irrecevabilité, la CENA entend démontrer sa neutralité et son attachement au cadre légal. Mais cette transparence n’empêche pas les interrogations sur l’égalité d’accès des partis au processus électoral, notamment pour ceux disposant de moyens logistiques plus modestes.
• Un risque de contestation.
Les partis recalés disposent toujours de la possibilité de former des recours ou de contester la décision de la CENA devant les juridictions compétentes. Une éventualité qui pourrait raviver les tensions politiques à l’approche du scrutin.
4. Ce que cela signifie pour les communales de 2026
L’exclusion des Démocrates et de MOELE-Bénin rebat les cartes du prochain scrutin communal. Elle entraîne :
Une réduction du nombre de compétiteurs, ce qui pourrait affecter la représentativité locale ;
Un avantage pour les partis retenus, qui évolueront dans une arène politique moins encombrée ;
Une pression accrue sur la conformité administrative, désormais perçue comme un passage obligé ;
Une fragilisation du pluralisme démocratique, du fait de l’absence du principal parti d’opposition.
5. Une élection sous tension
En refusant d’assouplir ses exigences, la CENA affiche une volonté claire : faire respecter la loi électorale à la lettre. Mais cette rigueur pose une question de fond : peut-on concilier l’ordre administratif et l’inclusivité politique ?
Pour les Démocrates, le manque de 120 pièces a été fatal. Pour MOELE-Bénin, l’inachèvement du classement a suffi à disqualifier le dossier. Deux erreurs de forme qui coûtent cher, et qui rappellent que dans le Bénin politique de 2025, la forme vaut souvent autant que le fond.
À deux mois du scrutin du 11 janvier 2026, le paysage électoral se resserre. La bataille des communes se jouera entre les trois partis restants — UP-R, BR et FCBE —, tandis que l’opinion observe, divisée, un processus où la rigueur administrative vient redessiner le visage de la démocratie locale.





