Le parti Les Démocrates, pourtant présenté comme la grande force d’opposition au Bénin, se heurte à une accumulation de revers dans la perspective des élections générales de 2026. Entre les espoirs suscités et les désillusions successives, la formation politique dirigée par l’ancien président Boni Yayi peine à transformer son discours en stratégie gagnante.
Selon plusieurs sources, Les Démocrates ont échoué à présenter un duo de candidats à la présidentielle de 2026, en raison d’un dossier de parrainage invalidé. Comme si cela ne suffisait pas, le parti se retrouve désormais écarté des élections communales, et rien ne garantit qu’il pourra valider des candidatures pour les législatives.
À ce stade, le profil de certains cadres du parti — notamment celui de Guy Dossou Mitokpè, secrétaire national à la communication — interroge : les discours abondent, mais les résultats se font attendre.
Mitokpè & Azannaï : l’ombre et la lumière
Guy Dossou Mitokpè n’est pas un novice en politique. Ancien secrétaire général du parti Restaurer l’Espoir, il a longtemps travaillé aux côtés de Candide Azannaï, l’un des opposants les plus constants et les plus audibles sur l’échiquier politique national.
Mais entre le maître et l’élève, la différence saute aujourd’hui aux yeux.
Candide Azannaï, qu’on peut sans risque qualifier d’« animal politique », a su se forger une image de combattant inflexible, courageux dans ses prises de position et redoutable dans sa stratégie de communication. Il sait frapper fort, au bon moment, et sur les bons leviers.
À l’inverse, Guy Dossou Mitokpè semble avoir quitté l’école du réalisme politique trop tôt. Il a emporté le titre, mais pas la méthode. Candide Azannaï lui-même, dans une sortie devenue célèbre, s’était dit « très amer » vis-à-vis de son ancien collaborateur, l’accusant d’actes de déstabilisation et d’opportunisme. De là à conclure que l’élève n’a rien appris du maître, il n’y a qu’un pas.
Les responsabilités de Mitokpè : discours contre résultats
Depuis son arrivée à la tête de la communication des Démocrates, Guy Dossou Mitokpè occupe une position stratégique. C’est lui qui assure la voix officielle du parti, qui prend la parole pour défendre les positions de la direction, et qui tente d’incarner le visage médiatique de l’opposition.
Mais les échecs successifs du parti laissent un goût amer :
Incapacité à présenter un duo valide à la présidentielle de 2026 ;
Exclusion des communales pour des raisons administratives ;
Doutes croissants sur la cohésion interne et la qualité du travail préparatoire pour les législatives.
En somme, la communication du parti semble plus réactive que stratégique. Le discours est fort, mais l’action ne suit pas. D’où la question : les propositions du secrétaire national à la communication sont-elles réellement prises en compte ? Ou bien Guy Mitokpè parle-t-il dans le vide, privé des leviers nécessaires pour donner corps à son rôle ?
Leçon non su(e) auprès de Candide Azannaï
Il faut se rendre à l’évidence : Mitokpè n’a pas assimilé la discipline politique qui faisait la force d’Azannaï.
Là où Azannaï agit avec méthode et courage, Mitokpè réagit avec fougue mais sans plan d’ensemble.
Là où Azannaï bâtit une stratégie avant de communiquer, Mitokpè communique avant de bâtir.
L’un pense la politique comme un art d’influence et d’anticipation ; l’autre semble l’envisager comme un concours de déclarations.
Résultat : les Démocrates multiplient les maladresses et donnent le sentiment d’un parti plus prompt à se plaindre qu’à se battre. L’opinion publique, autrefois séduite par la promesse d’une opposition ferme et structurée, se lasse de ces rendez-vous manqués.
Changer de cap avant qu’il ne soit trop tard
À l’heure où le parti Les Démocrates a saisi la Cour suprême pour contester sa disqualification aux communales, il n’est pas trop tard pour un sursaut. Mais celui-ci suppose des décisions fortes :
1. Passer de la communication à l’action, avec une stratégie de terrain crédible et des candidatures préparées avec rigueur ;
2. Mettre fin à la politique de réaction, pour bâtir un discours cohérent et offensif ;
3. Donner à Guy Mitokpè un véritable pouvoir de pilotage, ou confier la communication à un profil capable de relier parole et efficacité ;
4. Retrouver l’esprit Azannaï, c’est-à-dire la lucidité et la constance, loin des improvisations et des complaintes.
Un verdict sans appel
Le constat est sans détour : Guy Dossou Mitokpè n’a pas appris sa leçon auprès de Candide Azannaï. L’un incarne la vigueur d’une pensée politique audacieuse, l’autre se perd dans la rhétorique d’un parti en difficulté.
À quelques mois d’échéances décisives, Les Démocrates jouent leur survie politique. Et la question demeure : Guy Mitokpè saura-t-il transformer la voix en stratégie, la parole en résultat ?
L’avenir du parti — et peut-être de toute l’opposition béninoise — en dépend.





