Une nouvelle affaire judiciaire ébranle la scène politique béninoise à la veille des élections communales et législatives de 2026. Le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Elonm Mario Metonou, a rendu public un communiqué ce jeudi 6 novembre 2025, révélant l’ouverture d’une enquête pour falsification de procurations dans le cadre de l’obtention de duplicatas de quitus fiscaux et de casiers judiciaires.
Selon le communiqué, les investigations ont débuté à la suite d’une plainte déposée par la Direction générale des Impôts (DGI), après la découverte de plusieurs demandes suspectes émanant essentiellement de premiers responsables du parti Les Démocrates. Ces derniers auraient tenté d’obtenir, par le biais de documents falsifiés, des duplicatas de pièces administratives nécessaires à la constitution des dossiers de candidature.
Des pratiques frauduleuses détectées
Les faits reprochés concernent la falsification de procurations destinées à récupérer des quitus fiscaux et casiers judiciaires au nom de personnes qui, selon l’enquête, n’étaient ni demandeuses ni parfois même affiliées au parti.
Le Parquet spécial indique que plusieurs bénéficiaires supposés avaient déjà obtenu deux à trois exemplaires de ces documents. Face aux règles strictes de délivrance — exigeant notamment une remise en main propre ou à un mandataire dûment désigné — certains responsables auraient imité grossièrement des signatures pour contourner le dispositif de vérification.
Les premiers éléments de l’enquête
L’enquête menée par la Direction de la police judiciaire (DPJ) a permis de confirmer la falsification sur la base de deux constats majeurs :
la non-conformité des signatures avec celles figurant sur les certificats d’identification personnelle des demandeurs ;
et les déclarations sur procès-verbal des personnes concernées, affirmant n’avoir jamais délivré de telles procurations.
Deux individus ont déjà été interpellés à la Direction générale des Impôts, en possession de procurations falsifiées. Les investigations se poursuivent pour identifier l’ensemble des personnes impliquées dans ce réseau présumé de fraude électorale.
Des faits punis par le Code pénal
Les infractions relevées — faux, usage de faux et fraude en matière électorale — sont prévues et punies par les articles 247, 307 et 309 du Code pénal béninois. Les auteurs risquent de un (1) à cinq (5) ans d’emprisonnement.
Le procureur spécial, Elonm Mario Metonou, a précisé que le Parquet spécial près la CRIET continuera de suivre le dossier « jusqu’à l’identification de tous les auteurs et complices ». Il a promis de revenir vers l’opinion publique pour rendre compte de l’évolution des investigations et de la procédure judiciaire.
Cette affaire survient dans un contexte particulièrement sensible, alors que le parti Les Démocrates, dirigé par l’ancien président Boni Yayi, s’active à finaliser ses listes de candidats pour les élections de 2026. Elle pourrait avoir des répercussions politiques notables, si les faits venaient à être confirmés par la justice.





