Dans une affaire qui secoue les milieux de l’immigration frauduleuse et de l’escroquerie au Bénin, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a ouvert les débats concernant un ancien militaire, poursuivi pour faux visa vers le Canada, et visé par plusieurs plaignants parmi lesquels sa compagne ainsi que d’autres personnes, y compris un oncle commissaire.
Un rêve américain détourné
La victime principale, une jeune femme revenue récemment du Koweït, avait fondé de grands espoirs :
> « J’étais au Koweït, je voulais aller en Amérique grâce à un visa canadien. Puis il m’a mis la pression et je suis revenue au Bénin. Il m’a logé à Calavi », confie-t-elle au journaliste.
Selon ses déclarations, l’ex-militaire lui aurait promis une procédure d’obtention de visa pour le Canada – une promesse qui ne s’est jamais concrétisée.
Le profil du prévenu
L’homme visé est un ancien militaire béninois dont le nom n’a pas été rendu public à cette étape du procès. Il est poursuivi devant la CRIET pour « établissement et mise en circulation de faux visas canadiens ».
Selon plusieurs victimes, l’accusé se présentait comme un intermédiaire capable de faciliter l’obtention d’un visa pour le pays de l’Oncle Sam.
Parmi les plaignants figure également son propre oncle, commissaire de police, qui affirme avoir été lui-même sollicité et floué.
Des victimes multiples, des montants importants
D’après les éléments présentés à l’audience, plusieurs personnes ont versé des sommes considérables à l’accusé en échange de promesses de voyage ou de régularisation de dossier.
Le mode opératoire, selon les témoignages, est bien rodé : versement d’argent, promesse de traitement rapide du dossier, hébergement temporaire à Calavi, puis silence total.
Plusieurs plaignants affirment avoir perdu non seulement leur argent, mais aussi leur confiance et leurs projets d’avenir.
La séance d’audience et les réquisitions
L’audience s’est tenue ce mois-ci à la CRIET. Le ministère public a requis l’ouverture du dossier avec une attention particulière, au regard du nombre de victimes et de la gravité des faits.
Le procès, en cours, devra déterminer les responsabilités exactes de l’accusé et, le cas échéant, révéler l’existence d’un réseau plus vaste.
Enjeux et conséquences
Cette affaire met en lumière la recrudescence des arnaques à l’immigration, un phénomène qui prend de l’ampleur au Bénin.
Le fait qu’un ancien militaire soit impliqué choque et soulève des questions sur la confiance accordée à certaines figures d’autorité.
> « J’ai perdu mon argent, mon espoir, et je suis rentrée au Bénin sans horizon », confie la jeune femme, encore sous le choc.
Pour la justice, cette procédure doit servir d’exemple. « On ne tolère plus les fausses facilitations », ont affirmé les magistrats lors de l’audience.
Le dossier est renvoyé pour instruction complémentaire et audition d’autres victimes. La CRIET pourrait prononcer des mesures de détention provisoire ou d’autres sanctions à l’encontre du prévenu.
Le verdict, très attendu, sera rendu dans les prochaines semaines.





