Financement de l’audit du fichier électoral par le gouvernement: Patrice Talon porté en triomphe par Boni Yayi
Le conseil des ministres du mercredi 19 février dernier a pris d’importantes décisions, parmi lesquelles figure le financement à hauteur de 159 millions FCFA de l’audit du fichier électoral, demandé par certains partis d’opposition en vue des élections générales de 2026. Cette démarche initiée par le parti Les Démocrates suscite des regrets qui n’ont pas tant à voir avec la volonté de contrôler le fichier, mais plutôt avec la manière dont cette demande a été formulée.
En effet, Les Démocrates se positionnent en tant qu’opposition résolue au régime en place. Pourtant, leur comportement au Parlement suscite des interrogations. Après avoir rejeté sans réserve la loi de finances pour 2025, ces derniers reviennent aujourd’hui, quelques mois plus tard, demander la mise à disposition d’une somme substantielle sur le dos du contribuable. Ce retournement de situation soulève une question : quel est le véritable sens de leur engagement ?
Or, dans le document déposé, ils n’ont pas mentionné leur apport personnel dans la recherche du financement, mais ont plutôt réclamé l’intégralité. Or il est de notoriété générale que lorsque vous demandez financièrement, il faut toujours préciser dans le draft, votre apport personnel. Pour un parti qui prétend mener des actions sérieuses, il semble pour le moins paradoxal de demander des fonds publics sans contribuer financièrement à une initiative aussi capitale. L’audit, censé être indépendant, apparaît alors, de fait, comme un projet orchestré sous l’égide de Patrice Talon et du gouvernement.
Il est également fort déconcertant de constater que là où, traditionnellement, des opposants cherchent à financer eux-mêmes leurs audits électoraux, Les Démocrates font exception, se tournant vers le pouvoir en place. En d’autres lieux, une telle demande aurait été l’occasion de rassembler des contributions via un téléthon, comme ils l’avaient d’ailleurs fait pour financer leur caution lors des élections législatives de 2023. Pourquoi ne pas avoir réutilisé cette approche pour cette occasion ?
Ce retournement met en lumière l’absence d’arguments solides derrière le rejet des lois au parlement par les membres du parti Les Démocrates. Leur attitude semble donc ne reposer sur rien de concret, si ce n’est un refus systématique d’engager quelque dialogue que ce soit. Or, en se tournant vers le budget de l’État pour financer leur audit, ils semblent se contredire et ne sont pas encore prêts pour leur indépendance.
Parallèlement, ce financement qu’accorde le gouvernement laisse transparaître la stratégie de Patrice Talon, qui, par cette décision, renforce sa position et montre que son mandat se dirige vers des voies productives. Dans ce contexte, l’ombre de Boni Yayi plane, et le Chef de l’État prouve, une fois de plus, qu’il a eu raison d’opter pour une autre approche politique, loin des querelles politiciennes.
Il est temps pour Les Démocrates de clarifier leurs intentions et de faire preuve de plus de cohérence dans leurs démarches. Un audit du fichier électoral est essentiel pour garantir la transparence du processus électoral, mais certains partis de l’opposition comme le précise le relevé du conseil des ministres doivent également démontrer leur volonté de participer activement à sa réalisation plutôt que de se positionner uniquement comme demandeuse de financements publics. Le défi pour eux sera de trouver un équilibre entre la contestation et le travail constructif, pour réellement servir les intérêts démocratiques du Bénin.
Jules Faustin DOBOGAN