Le principal parti de l’opposition béninoise, Les Démocrates, traverse l’une des plus grandes zones de turbulence de son histoire politique. Après avoir échoué à présenter un duo de candidats pour la présidentielle de 2026, la formation dirigée par l’ancien président Boni Yayi vient d’être écartée de la course aux élections communales. Et Dieu seul sait si elle sera en mesure de participer aux prochaines législatives.
Un double revers qui met à nu les limites d’un leadership aujourd’hui contesté, et relance une question devenue inévitable : Boni Yayi doit-il rester à la tête du parti ?
Une succession d’échecs qui affaiblit le parti
En moins d’un mois, Les Démocrates ont accumulé des revers politiques et organisationnels inquiétants.
Après l’épisode du duo présidentiel invalidé pour la présidentielle de 2026, le parti vient à nouveau d’être disqualifié pour les communales du 11 janvier 2026, la CENA ayant relevé plus d’une centaine de pièces manquantes dans le dossier de candidature.
Ces échecs répétés traduisent un manque de rigueur, de coordination et de vision stratégique.
Pour de nombreux observateurs, c’est le signe que la direction actuelle, malgré sa légitimité historique, n’est plus à la hauteur des défis du moment.
Une opposition divisée et démobilisée
Sous la présidence de Boni Yayi, l’opposition béninoise n’a jamais réussi à parler d’une seule voix.
Les appels à l’unité sont restés sans effet, minés par des querelles d’ego et des ambitions personnelles.
Pire encore, la saignée interne observée au sein des Démocrates — marquée par des démissions régulières de cadres — montre qu’une fatigue politique s’est installée.
Le parti qui devait incarner l’alternative se retrouve aujourd’hui affaibli, désorganisé et divisé.
Un leadership à bout de souffle
Nul ne conteste l’engagement de Boni Yayi pour la démocratie béninoise. Son parcours, son expérience et sa stature d’ancien chef d’État ont longtemps été des atouts majeurs.
Mais force est de constater qu’aujourd’hui, son style de gestion centralisé et peu ouvert au renouvellement étouffe la dynamique interne du parti.
Les jeunes cadres peinent à s’imposer, les débats sont rares, et la stratégie politique tourne en rond.
La figure de Boni Yayi, autrefois mobilisatrice, apparaît désormais comme un frein à la régénération du parti.
L’heure de la responsabilité
Face à cette impasse, il est temps pour Boni Yayi d’assumer la responsabilité politique de ces échecs successifs.
Continuer à diriger un parti en perte de vitesse serait une erreur historique.
Au contraire, une démission volontaire et assumée serait un acte de lucidité et de grandeur, permettant à une nouvelle génération de reprendre le flambeau.
Le parti Les Démocrates a besoin d’un souffle neuf, d’un leadership plus collégial et plus moderne, capable de reconstruire la confiance des militants et de repositionner l’opposition sur la scène nationale.
Un départ salutaire, non une fuite
À 73 ans, Boni Yayi n’a plus rien à prouver. Il a marqué l’histoire politique du Bénin et incarné, à plusieurs reprises, l’espoir du peuple.
Mais l’heure est venue de quitter la scène active pour laisser place à d’autres visages, d’autres idées, d’autres énergies.
Une retraite politique paisible, assumée et digne serait un acte de sagesse et de patriotisme, non une fuite.
Pour l’avenir de l’opposition
L’opposition béninoise a besoin d’un sursaut, et ce sursaut ne pourra venir que d’un renouveau du leadership.
Si Boni Yayi aime véritablement son parti et la cause démocratique, il doit aujourd’hui faire le choix courageux du retrait, afin de donner une chance aux Démocrates de renaître.
L’histoire retiendra moins la durée d’un règne que le courage de savoir s’arrêter au bon moment.





