Au lendemain d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle, la scène politique béninoise retient son souffle. Le jeudi 23 octobre 2025, la Cour constitutionnelle (CC) s’est déclarée « incompétente » pour connaître du recours introduit par le Parti Les Démocrates (LD) concernant le parrainage du député Michel François Oloutoyé Sodjinou.
Cette décision, perçue comme un revers majeur pour l’opposition, prive le parti du 28ᵉ parrainage nécessaire pour valider son duo candidat à l’élection présidentielle de 2026.
Une rencontre annoncée dans un climat tendu
Dans la foulée, l’ancien président de la République et président du parti Les Démocrates, Thomas Boni Yayi, annonçait, dans un communiqué daté du 23 octobre, une rencontre avec le président Patrice Talon, prévue pour ce vendredi matin au Palais de la Marina.
Objectif affiché : discuter « dans un esprit de fraternité et de responsabilité nationale » des voies de sortie de la crise actuelle née du blocage du parrainage et des tensions politiques qui en découlent.
La rencontre a donc eu lieu ce vendredi 24 octobre 2025 et intervient dans un contexte où le processus électoral fait l’objet de vives interrogations sur sa transparence, son inclusivité et sa légitimité.
Les deux hommes forts du pays disent vouloir « préserver la paix sociale, la stabilité des institutions et la cohésion nationale ».
Un tête-à-tête sous haute tension
Mais à la sortie du tête-à-tête, aucune déclaration officielle. Aucun communiqué conjoint. Aucune image des échanges.
Un grand silence qui intrigue, voire inquiète.
Pourquoi une rencontre annoncée en grande pompe dans un communiqué public, mais tenue finalement à huis clos, sans compte rendu à la nation ?
Pourquoi ce mutisme alors que l’avenir électoral du principal parti d’opposition est suspendu à une décision politique ?
S’agit-il d’un accord en gestation, d’un compromis fragile à peaufiner, ou d’un constat d’échec que les deux camps préfèrent taire ?
Autant de questions que se posent les observateurs et les citoyens, sans la moindre réponse officielle.
Les raisons possibles du silence
Plusieurs hypothèses circulent.
D’abord, le caractère explosif du dossier : la non competence de la Cour constitutionnelle par rapport au recours des Démocrates place le pouvoir en position de force et met à nu la fragilité de l’opposition. Dans un tel contexte, une déclaration publique pourrait attiser les tensions.
Ensuite, il est possible que les discussions soient encore en cours. Les deux hommes auraient alors choisi de temporiser pour parvenir à un terrain d’entente avant toute communication officielle.
Autre lecture : une stratégie de silence contrôlé pour éviter les surenchères médiatiques et les interprétations politiques.
Enfin, certains y voient le signe d’un désaccord persistant, les positions restant inconciliables sur la question du parrainage et de la participation des Démocrates à la présidentielle.
Une présidentielle sous incertitude
Si rien ne change, le parti Les Démocrates sera de facto exclu de la course à la présidence de 2026. Une telle situation réduirait la pluralité politique et fragiliserait la légitimité du scrutin.
Cette exclusion potentielle risque aussi de raviver les frustrations au sein de l’opposition et d’accentuer les divisions dans l’opinion publique.
Pour Les Démocrates, cette rencontre Talon–Yayi représentait une dernière chance, une véritable bouée de sauvetage politique. Mais sans issue publique claire, l’incertitude demeure totale.
Les Béninois entre attente et scepticisme
Pour l’heure, personne ne sait ce qui a été dit, convenu ou envisagé.
Le « dialogue direct » promis par Yayi se transforme en silence opaque, alimentant davantage la curiosité et l’inquiétude des Béninois.
À quelques mois de l’élection présidentielle de 2026, les citoyens attendent des signaux forts : qui seront les candidats ? Dans quelles conditions ? Avec quelles garanties de transparence ?
Le mutisme de cette rencontre, pourtant présentée comme un acte de responsabilité nationale, laisse planer un voile de mystère sur la suite des événements.
Un rendez-vous manqué ou différé ?
La rencontre de ce 24 octobre 2025 restera peut-être comme l’un des moments clés de cette pré-campagne électorale.
Mais en l’absence de communication claire, elle prend des allures d’énigme politique.
Pour certains, ce silence cache une négociation discrète ; pour d’autres, il trahit une impasse.
Une chose est sûre : les attentes populaires demeurent fortes.
Les Béninois espèrent toujours un processus électoral apaisé, équitable et transparent.
Le défi est immense, et l’histoire dira si ce tête-à-tête entre Talon et Yayi aura été le prélude d’un apaisement durable ou le signe avant-coureur d’une crise politique à venir.




