Séminaire international à l’UAC sur « Ifa ɔrunminla : Introduction à une épistémologie »: Le professeur Mahougnon Kakpo développe en profondeur l’urgence d’une codification des pratiques du Fâ.
Dans un élan de réflexion académique d’une rare intensité, l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) a été le théâtre, ce vendredi 8 novembre 2024, d’un séminaire international remarquable. Organisé en collaboration avec le Laboratoire d’Études Africaines et de Recherche sur le Fâ (LAREFA) et l’« African Cluster Centre » de l’Université de Lagos, cet événement a réuni des chercheurs, enseignants, praticiens et étudiants venus du Bénin, du Nigéria et d’autres horizons. Sous le thème « Ifa ɔrunminla : Introduction à une épistémologie », ce séminaire a été marqué par l’intervention éclairée du Professeur Mahougnon Kakpo, directeur scientifique du LAREFA, dont le discours inaugural a captivé l’auditoire.
Le Fâ : Un Savoir Bien Plus Qu’une Divination
Dans son discours, d’une éloquence magistrale, le Professeur Kakpo a ouvert de nouvelles perspectives sur le Fâ, souvent réduit à sa fonction divinatoire. « Le Fâ est bien plus qu’un simple outil divinatoire, c’est une fondation de savoirs englobant la philosophie, la médecine, les sciences et même l’art », a-t-il insisté. En soulignant la richesse philosophique et scientifique de ce système ancestral, il l’a présenté comme un pilier essentiel des humanités africaines classiques. Cette revalorisation du Fâ comme un patrimoine épistémologique a fortement résonné auprès des participants, soulignant son intégration nécessaire dans les corpus académiques modernes.
La Codification : Un Enjeu Crucial pour Préserver le Fâ
Au-delà de la reconnaissance de son importance, le Professeur Kakpo a soulevé une question fondamentale : la codification des pratiques du Fâ. Composé de 256 signes ou Fádù et d’une méthode divinatoire sophistiquée, ce système demande une structuration précise pour assurer sa transmission. Le Président du Comité des Rites Vodoun du Bénin a soutenu cette analyse, avertissant que l’absence de normes pourrait compromettre la pérennité de ce savoir ancestral. « La codification des pratiques du Fâ est cruciale pour leur reconnaissance systématique », a-t-il affirmé, insistant sur la rigueur scientifique indispensable à ce travail.
Hommage aux Gardiens du Savoir
Un hommage sincère a également été rendu aux Babalowo, ces gardiens du Fâ, véritables érudits et experts dans ce domaine. « Les Babalowo ne sont pas de simples devins, ce sont des sages dont l’expertise et l’engagement méritent notre respect », a souligné le coordonnateur de l’événement. Ces figures, dépositaires d’un savoir précieux, sont perçues comme des piliers indispensables à la préservation de cette tradition.
Des Interventions Stimuliantes et des Débats Riches
Le séminaire a été marqué par des interventions intellectuelles d’une grande richesse. Des thématiques telles que « L’ordre des Fádù », « La priorité du Fàdù Fù-Mèji » et « La question du jet et du nombre du ɔkpɛlɛ » ont nourri des débats animés, permettant à chercheurs et praticiens d’approfondir la compréhension de ces pratiques complexes et fascinantes. Les échanges ont été vifs, témoignant d’une volonté partagée d’explorer de manière approfondie cet univers ancestral.
Un Séminaire Couronné de Succès et Prometteur
En conclusion, le séminaire a été unanimement salué comme un succès éclatant. Il a ouvert des perspectives inédites pour la reconnaissance et la valorisation du Fâ, en tant que discipline académique et patrimoine immatériel. Les participants ont applaudi l’initiative de l’UAC et du Professeur Kakpo, louant l’intensité des débats et l’harmonie intellectuelle qui ont marqué cette rencontre. Ce séminaire s’est ainsi affirmé comme un jalon essentiel pour la préservation et la diffusion des savoirs africains, annonçant un avenir prometteur pour ces traditions et connaissances ancestrales.
Josaphat AHOKANDJI
