Une nouvelle tempête politique secoue la mairie d’Abomey-Calavi. Ce mardi 4 novembre 2025, une session extraordinaire du conseil communal se tient autour des contrats de lotissement des zones Drabo (Togba) et Agongbé (Glo-Djigbé). Un débat purement technique sur la gestion foncière, est on tenté de dire. Mais au fond, l’initiative du maire Angelo Évariste Ahouandjinou est perçue comme une manœuvre politique visant à affaiblir le chef d’arrondissement de Togba, Pierre Gbégnon. Une démarche d’autant plus troublante que les deux hommes appartiennent pourtant au même parti politique : l’Union Progressiste le Renouveau (UP le Renouveau).
Une session qui divise le camp
Depuis son arrivée à la tête de la commune en 2020, Angelo Ahouandjinou a multiplié les polémiques liées à la gouvernance foncière. Mais cette fois, la convocation précipitée d’une session extraordinaire, fondée sur des informations jugées non vérifiées, crée un malaise jusque dans son propre camp politique.
Selon plusieurs sources proches du conseil communal, tout serait parti des propos de Gilbert Sètondji, ancien chef d’arrondissement de Glo-Djigbé, qui prétend que sa révocation aurait un lien avec des affaires de lotissement entre Togba et Glo-Djigbé. Ces déclarations, qualifiées de fantaisistes par certains conseillers, auraient été instrumentalisées pour justifier cette session. Résultat : la mairie donne l’image d’une institution aux ordres de calculs politiques plutôt que du bon sens administratif.
Quand le maire attaque un camarade de parti
Ce qui choque dans cette affaire, c’est que le maire et le CA visé, Pierre Gbégnon, sont tous deux membres de l’UP le Renouveau, dans la même circonscription électorale, le parti dirigé par le président Joseph Djogbénou. Ce qui devait être une concertation interne autour de la gestion du foncier communal s’est transformé en bras de fer fratricide, exposant publiquement les fissures d’un parti censé prôner l’unité et la discipline.
En s’attaquant ainsi à un membre de son propre camp, le maire Ahouandjinou apparaît comme un homme en croisade contre les siens, prêt à sacrifier la cohésion du parti sur l’autel de ses intérêts personnels. Plusieurs militants et observateurs parlent même d’un “tir ami” en pleine pré-campagne électorale, une situation inédite dans la vie politique de Calavi.
Une dérive politique en période électorale
À quelques mois des élections générales de 2026, cette affaire tombe au plus mauvais moment pour l’UP le Renouveau. Au lieu d’afficher un front uni face aux défis électoraux, la majorité communale se livre à des règlements de comptes internes qui risquent d’affaiblir l’image du parti dans la commune la plus stratégique du pays.
Des conseillers municipaux dénoncent une manipulation politique et s’interrogent sur la logique de la démarche : « Pourquoi cibler Pierre Gbégnon, un camarade de parti, alors que tant de dossiers prioritaires stagnent ? », confie l’un d’eux sous anonymat.
En effet, pendant que la mairie s’enlise dans les querelles internes, les chantiers de développement stagnent : travaux de lotissement bloqués, routes secondaires dégradées, marchés communaux non achevés. « C’est un gaspillage de temps et d’énergie alors que la population attend des résultats concrets », déplore un notable de Calavi.
Un climat de défiance et de méfiance
Les rapports entre le maire et certains chefs d’arrondissement, notamment Pierre Gbégnon, se sont dégradés depuis plusieurs mois. Le CA de Togba est connu pour sa franchise et son indépendance d’esprit. Il n’hésite pas à dénoncer publiquement les dérives observées dans la gestion municipale. Une attitude qui lui vaut aujourd’hui d’être ciblé par l’administration centrale de la mairie.
Pour plusieurs observateurs, il s’agit d’un acharnement politique clair, une tentative d’intimidation destinée à museler toute voix dissidente. Une situation d’autant plus regrettable qu’elle émane d’un parti qui prône officiellement la solidarité et la réforme.
Une gouvernance sous pression
Les griefs contre la gestion du maire Ahouandjinou sont nombreux : gestion solitaire, marchés publics passés hors budget, absence de transparence dans la conduite des affaires communales. Lors d’une précédente session, il avait même reconnu avoir autorisé des marchés non inscrits au Plan Annuel d’Investissement (PAI) — un aveu grave dans une administration censée respecter les procédures financières.
Aujourd’hui, le maire semble avoir oublié les exigences de bonne gouvernance et préfère ouvrir des fronts internes, au lieu de redresser la trajectoire de sa commune.
Le parti UP le Renouveau appelé à recadrer ses cadres
À la veille de cette session extraordinaire, plusieurs militants et cadres du parti UP le Renouveau appellent leur hiérarchie à intervenir pour ramener la sérénité au sein du conseil communal d’Abomey-Calavi.
L’UP le Renouveau, déjà ébranlée par des tensions locales dans plusieurs circonscriptions, ne peut se permettre que ses élus s’entredéchirent à ciel ouvert.
Le maire Angelo Ahouandjinou, en ciblant le CA Pierre Gbégnon, ne se contente pas d’affaiblir un homme : il fragilise toute la maison politique à laquelle ils appartiennent. En politique, tirer sur son propre camp est souvent le début d’une défaite annoncée.





