L’ancien ministre délégué chargé de la Défense du premier gouvernement du président Patrice Talon aujourd’hui figure majeure de l’opposition, et chef de file de la résistance nationale , Candide Azannaï, a été arrêté ce vendredi 12 décembre à Cotonou par les forces de l’ordre. Une interpellation qui intervient alors que le pays reste sous tension, quelques jours seulement après la tentative de coup d’État du 7 décembre 2025.
Selon des sources proches du dossier, l’opposant aurait été interpellé dans le cadre des enquêtes en cours liées à cette attaque contre les institutions, mais aussi en raison de ses récentes prises de position, jugées susceptibles d’exacerber un climat politique déjà fragilisé.
Un climat politique explosif après la tentative de putsch
Depuis la tentative de putsch déjouée, la scène politique béninoise est traversée par une vague d’interrogations, de suspicions et de tensions. Le gouvernement a renforcé son dispositif sécuritaire et multiplié les auditions et interpellations afin d’identifier les ramifications éventuelles de cette action armée.
Candide Azannaï, président du parti Restaurer l’Espoir et leader du mouvement de la Résistance nationale, avait publiquement condamné le coup d’État et appelé à laisser la justice faire son travail. Malgré cette posture officielle, les relations entre l’opposant et le pouvoir n’ont cessé de se dégrader ces derniers mois, nourrissant un climat de défiance mutuel.
Qui est Candide Azannaï ? Un opposant à la trajectoire singulière
Ancien député, ancien ministre et stratège politique reconnu, Candide Azannaï est l’une des voix les plus critiques du régime en place. Connu pour son franc-parler et ses discours incisifs, il s’est imposé comme une figure incontournable du camp opposé à la gouvernance du président Patrice Talon.
À travers la Résistance nationale, Azannaï prône un changement profond du système politique béninois. Ses méthodes, parfois vues comme radicales, lui valent autant d’admiration parmi ses partisans que de méfiance parmi ses adversaires.
Les probables raisons de son arrestation
Si les autorités n’ont pas encore communiqué officiellement sur les motifs exacts de son interpellation, plusieurs éléments permettent de comprendre les raisons probables de ce coup de filet.
1. Ses déclarations publiques dans un contexte ultra-sensible
Dans les heures et jours ayant suivi la tentative de putsch, l’opposant a multiplié des déclarations virulentes dénonçant la gouvernance actuelle. Dans un contexte où la moindre parole politique peut enflammer les foules, ces sorties ont été perçues par certains responsables sécuritaires comme des risques potentiels d’excitation de l’opinion.
2. Son influence sur les mobilisations populaires
Azannaï est connu pour sa capacité à mobiliser rapidement ses sympathisants. Par le passé, certaines de ses prises de position ont donné lieu à des attroupements spontanés et parfois à des échauffourées, comme lors de la tentative avortée de son arrestation en 2015, qui avait dégénéré en heurts entre civils et forces de sécurité.
Les autorités craignent qu’en période post-putsch, une nouvelle mobilisation non contrôlée ne compromette la stabilité.
3. Des critiques du régime perçues comme des appels à la contestation
Ses discours, souvent tranchants, sont régulièrement interprétés par les autorités comme des incitations à la défiance vis-à-vis des institutions. Dans un contexte déjà inflammable, ces propos peuvent être assimilés à des actes susceptibles de troubler l’ordre public, notamment si certaines franges de la population y répondent par des actions de rue.
4. Les besoins de l’enquête sur le putsch du 7 décembre
Même s’il a officiellement dénoncé l’attentat, les enquêteurs cherchent à éclaircir toutes les zones d’ombre. Compte tenu de son poids politique et de sa proximité avec plusieurs acteurs de la scène nationale, son audition approfondie pourrait être vue comme essentielle pour comprendre les motivations, les réseaux ou les ramifications possibles de la tentative de coup d’État.
Des actions déjà critiquées comme sources potentielles de trouble à l’ordre public
Au-delà du contexte actuel, plusieurs épisodes du passé ont contribué à façonner l’image d’un opposant capable de mobiliser fortement ses bases :
Appels à la mobilisation ayant entraîné des rassemblements imprévus et parfois tendus.
Attaques verbales répétées contre les décisions du gouvernement, parfois assimilées à des appels à la désobéissance.
Prises de position politiques jugées provocatrices en période électorale ou de tension institutionnelle.
Dans le droit béninois, toutes actions ou déclarations pouvant provoquer attroupements, insurrections, heurts ou menace contre la tranquillité publique peuvent justifier une intervention judiciaire.
Réactions et perspectives
L’interpellation de Candide Azannaï ne laisse personne indifférent.
Ses partisans dénoncent une volonté manifeste de réduire au silence un opposant majeur, alors que les partisans du pouvoir estiment qu’il s’agit d’une mesure nécessaire pour protéger la nation après une tentative de déstabilisation.
L’affaire devrait connaître d’importants développements dans les prochaines heures, notamment sur l’éventualité d’une mise en examen, d’une libération sous conditions ou du maintien en garde à vue dans le cadre de l’enquête.
Une chose est certaine : cette arrestation marque une nouvelle escalade dans un climat politique déjà tendu et pourrait profondément influencer les dynamiques à venir sur la scène nationale.





