Un soldat de première classe du 7ᵉ bataillon, en poste au camp militaire de Dassa‑Zoumè, a comparu ce lundi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour avoir déserté son poste pendant plusieurs semaines, sans prévenir sa hiérarchie .
Des explications spirituelles surprenantes
Le prévenu a justifié son absence en invoquant des motifs spirituels : il affirme qu’une de ses tantes, jalouse, lui aurait lancé un sort parce qu’il n’aurait été généreux qu’avec ses parents . Cette version a étonné les magistrats. Le représentant du ministère public, Regan Hounguè, a interrogé la motivation tardive de cet acte de sorcellerie. Le militaire, après près de 14 ans de service ayant débuté le 1ᵉʳ décembre 2011, n’a su apporter une réponse convaincante .
Quand il fut interrogé sur sa volonté de réintégrer l’armée, le militaire a répondu « A vos ordres ! » Le président de la cour, souriant, lui a rappelé qu’il n’était pas compétent pour décider d’une telle réintégration — seule la hiérarchie militaire peut en décider .
Poursuite de la procédure judiciaire
À la demande du ministère public, le dossier a été renvoyé au 15 juillet 2024 pour que les réquisitions soient complétées .
Verdict : une amende de 100 000 F CFA
Le 12 août 2024, après environ cinq mois de détention préventive, la CRIET a jugé le soldat et l’a condamné à une amende de 100 000 francs CFA . Une peine pécuniaire jugée suffisante au vu des explications invraisemblables avancées et de son ancienneté.
Suite au paiement de l’amende, le militaire a recouvré la liberté. Toutefois, son maintien ou non au sein des forces armées reste une décision purement militaire .
Ce dossier illustre les défis singuliers auxquels la CRIET est confrontée, mêlant justice militaire, contextes culturels et appartenances spirituelles. L’évocation d’un ensorcellement familial comme motif d’abandon de poste révèle des tensions psychologiques et sociales vécues par certains militaires.
La sanction — purement financière — apparaît proportionnée au regard du service rendu et des explications fournies, tout en rappelant que seule la chaîne de commandement peut statuer sur la réintégration. L’avenir professionnel de ce soldat reste donc incertain.