La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) du Bénin a requis 24 mois de prison à l’encontre du créateur de contenu numérique Marius Placide, poursuivi pour des faits d’atteinte à l’image et à la réputation de personnalités politiques du pays. Cette décision, rendue à l’issue d’un procès très suivi au sein de l’opinion publique, marque une nouvelle étape dans la lutte engagée par les autorités contre les dérives perçues des réseaux sociaux.
Des vidéos virales qui tournent au procès
Marius Placide, influent sur la plateforme TikTok, s’est fait connaître par des vidéos controversées dans lesquelles il se filme en train de simuler des coups de bâton dirigés contre plusieurs personnalités publiques, notamment des responsables politiques, au premier rang desquels figure le président de la République, Patrice Talon. Ces vidéos, bien que visant à dénoncer ou à moquer certains dirigeants, ont été interprétées par la justice comme une atteinte à l’honneur, à l’image et à la crédibilité des institutions et de leurs représentants.
Les autorités judiciaires ont estimé que ces publications allaient au-delà de la satire ou de l’expression d’opinions et qu’elles pouvaient nuire à la sécurité juridique et à la stabilité sociopolitique. Les poursuites engagées devant la CRIET s’inscrivent ainsi dans un cadre de répression plus large des contenus jugés dangereux sur les plateformes numériques.
Un contexte judiciaire et politique sensible
La CRIET, créée pour lutter contre des infractions économiques graves et des actes terroristes, est souvent au centre d’intenses débats au Bénin, entre défenseurs d’une justice forte face aux abus et critiques estimant que la cour est parfois utilisée contre des voix discordantes. La réquisition de 24 mois de prison ferme contre Marius Placide s’inscrit dans un contexte où plusieurs créateurs de contenu et citoyens ont déjà été poursuivis pour des publications controversées ou des mises en scène jugées illégales.
Ce que cela signifie pour la liberté d’expression
L’affaire relance le débat sur les limites de la liberté d’expression dans l’espace numérique au Bénin. D’un côté, les autorités mettent en avant la nécessité de protéger la réputation des individus et de préserver l’ordre public ; de l’autre, des défenseurs des droits numériques s’inquiètent des effets dissuasifs sur la créativité et l’expression citoyenne, notamment chez les jeunes. Certains observateurs voient dans cette affaire un test de l’équilibre entre liberté d’expression et responsabilité en ligne.
Prochaines étapes
Après les réquisitions du ministère public, le jugement définitif est attendu dans les prochaines semaines. L’avocat de la défense a annoncé son intention de faire valoir les arguments de satire et de contexte artistique dans la création des contenus. Toutefois, le sort judiciaire de Marius Placide dépendra de la décision finale de la CRIET, qui pourrait confirmer ou ajuster la peine requise.





