À quelques heures de l’expiration du délai imposé par la Commission électorale nationale autonome (CENA) au parti Les Démocrates pour le complément des pièces manquantes dans leur dossier de candidatures à la présidentielle de 2026, la formation politique de Boni Yayi est dans l’impossibilité de finaliser sa participation. Malgré la tenue prévue d’un conseil national et la désignation d’un duo de candidat après deux reports, le parti de l’opposition est empêtré dans une crise interne majeure.

Le blocage du parrainage décisif
Le principal obstacle dans le dossier de candidature du parti Les Démocrates est l’absence du député Michel François Oloutoyé Sodjinou, détenteur de la dernière fiche de parrainage nécessaire pour atteindre le quota requis par la loi électorale. Sans ce parrainage, le parti ne dispose que de 27 signatures — un parrainage de moins que le minimum exigé — ce qui le prive du droit de présenter un duo à l’élection présidentielle.
Dans un retournement dramatique, le député Sodjinou a publié ce matin une déclaration invitant Les Démocrates à “tourner la page des présidentielles” et à concentrer leurs efforts sur les législatives. Ce revirement laisse planer l’hypothèse d’un désaccord profond ou d’enjeux personnels qui dépassent le simple enjeu électoral.
La justice s’en mêle, la CENA réagit
Face à l’impasse, le député Sodjinou a saisi la justice. Le 13 octobre 2025, le tribunal de première instance de Cotonou a rendu une ordonnance (n° 254/AUD-PD/2025) ordonnant à Boni Yayi et au parti Les Démocrates de restituer la fiche de parrainage à Sodjinou, ou à défaut de contraindre la CENA à invalider la première fiche et à délivrer une nouvelle à l’intéressé. Le lendemain, la CENA a certes invalidé la fiche de parrainage initiale de Sodjinou, conformément à la décision judiciaire, mais cette mesure laisse le parti de Yayi dans une zone de grande incertitude quant à sa capacité à reconstituer un dossier conforme dans le délai imparti.
Fractures internes et contestation du leadership
La crise autour du parrainage n’est que le symptôme visible d’une désaffection plus profonde au sein de Les Démocrates. Le député Sodjinou, dans sa déclaration, accuse ouvertement le parti d’un « leadership d’un autre âge », dénonçant des prises de décision « dans l’ombre » et sans concertation avec les militants. Il reproche à Boni Yayi de concentrer le pouvoir dans ses mains et de marginaliser les voix dissidentes au sein de la formation.
Cette accusation n’est pas sans rappeler les alertes que Paul HOUNKPÈ avait déjà formulées : la nécessité d’une gouvernance transparente, d’une discipline interne rigoureuse et d’une démocratisation du fonctionnement du parti. Le blocage du parrainage de Sodjinou semble, dans ce contexte, justifier ses mises en garde antérieures.
L’argument de l’urgence et la stratégie alternative de la FCBE
Pendant que Les Démocrates sont paralysés, la formation politique dirigée par Paul HOUNKPÈ, la FCBE (Force Cauris pour un Bénin Émergent), avance ses pions. Le duo Hounkpè – Rock Judicaël Hounwanou a déjà déposé son dossier à la CENA et a obtenu un récépissé provisoire.
Le timing avantageux de la FCBE contraste avec l’enlisement de Yayi, et vient conforter l’idée que la clairvoyance politique de Hounkpè — qui insistait sur l’importance de ne pas laisser de vides majeurs — porte ses fruits.
En conclusion : Paul Hounkpè avait raison
Les événements des dernières heures confirment que la crise au sein de Les Démocrates dépasse le simple enjeu de parrainage. Elle révèle un malaise structurel — absence de transparence, concentration du pouvoir, conflits de légitimité — que Paul HOUNKPÈ dénonçait déjà. Le blocage du dossier de candidature, l’intervention de la justice, la perte de contrôle sur un député clé et l’impossibilité immédiate de répondre à l’échéance électorale illustrent la pertinence de ses avertissements.
Si Les Démocrates ne trouvent pas rapidement une issue juridique ou une médiation interne capable de rétablir le parrainage manquant, le parti pourra être considéré non seulement comme handicapé électoralement, mais aussi comme affaibli sur le plan moral et politique. Et dans ce scénario, le leadership de Paul Hounkpè pourrait ressortir renforcé — tant sur le plan symbolique que sur celui de l’efficacité politique.




