Le tribunal d’Abomey-Calavi a tranché dans une affaire mêlant détresse sociale, croyances occultes et soupçons d’escroquerie. Une dame s’est présentée devant la juridiction pour accuser un féticheur de l’avoir abusée financièrement en lui promettant un « miracle » censé relancer ses activités commerciales et obtenir la libération de son mari emprisonné.
Une victime en quête de solutions
En pleine tourmente, la plaignante explique avoir cherché refuge auprès du féticheur, persuadée qu’il pourrait l’aider à surmonter ses difficultés. Ses affaires étaient en déclin, et la situation de son mari, détenu, l’avait plongée dans une grande vulnérabilité. Selon elle, le gourou lui aurait assuré être en mesure de « débloquer la situation » grâce à ses pouvoirs mystiques.
Convaincue, elle dit avoir versé plus d’un million de francs CFA pour bénéficier de ces supposés miracles. Mais rien ne s’est produit : ni la prospérité annoncée, ni la libération du conjoint. « Les affaires n’ont jamais repris », a-t-elle confié au juge, exprimant son sentiment d’avoir été dupée.
Des montants faramineux contestés par l’accusé
À la barre, le féticheur n’a pas nié avoir reçu de l’argent, mais il a revu les chiffres à la baisse. Selon lui, il n’aurait encaissé que 347 000 FCFA, dont 300 000 destinés, dit-il, aux soins d’un enfant de la plaignante, et 47 000 pour des rituels. Il se défend d’avoir promis des miracles financiers ou judiciaires, rejetant les accusations d’escroquerie.
Une condamnation exemplaire
Après examen des faits, le tribunal a jugé les éléments apportés par la victime suffisamment convaincants. Le féticheur a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, ainsi qu’à une amende de 100 000 FCFA. Le juge lui a également ordonné de rembourser à la victime la somme de 1 052 000 FCFA.
Un signal fort contre l’exploitation de la vulnérabilité
Cette décision met en lumière les dérives liées à l’exploitation de la crédulité et de la détresse sociale. Elle rappelle que les promesses de miracles peuvent devenir des outils d’arnaque au détriment de personnes fragilisées.
Par cette condamnation, le tribunal d’Abomey-Calavi envoie un message clair : les charlatans qui abusent de la foi ou du désarroi des citoyens devront répondre de leurs actes. L’impunité, même sous couvert de spiritualité, n’a pas sa place devant la justice.





