Dans une lettre ouverte datée du 4 novembre 2025, l’homme politique Daniel Edah appelle les figures historiques du renouveau démocratique à sortir de leur réserve et à se prononcer clairement sur le projet de révision constitutionnelle porté par le pouvoir.
Daniel Edah hausse le ton. Après sa première lettre ouverte adressée au président de la République, le candidat recalé à l’investiture des Démocrates interpelle cette fois-ci les anciens présidents de la République, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, dans une seconde lettre, le 4 novembre 2025, quelques minutes seulement après son intervention sur BBC AFRIQUE toujours pour fustiger la proposition de loi portant révision de la constitution. L’ancien candidat à l’élection présidentielle interpelle directement les figures emblématiques du renouveau démocratique béninois. Nicéphore Dieudonné Soglo, Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Antoine Idji Kolawolé, Mathurin Coffi Nago, Élisabeth Pognon, Robert Dossou, Théodore Holo, Joseph Djogbénou et Amouda Issifou sont invités à « sortir de leur silence » et à « choisir clairement leur camp » face à ce que Daniel Edah qualifie de « dérive autoritaire » du régime en place.
« Depuis 2016, par votre silence – qu’il soit apparent ou réel –, vous avez laissé s’installer un régime manifestement hostile à l’œuvre collective que vous avez contribué à bâtir », écrit Daniel Edah, rappelant que plusieurs de ces anciens dirigeants ont eux-mêmes « payé de leur liberté » pour la conquête démocratique issue de la Conférence nationale de février 1990.
L’homme politique dénonce avec force la démolition de symboles majeurs de la mémoire nationale, notamment la maison du général Mathieu Kérékou et l’hôtel PLM Alédjo, lieu mythique de la Conférence des forces vives de la Nation. Selon lui, ces destructions témoignent d’une « entreprise de réécriture et de réinitialisation de notre histoire politique, orientée au service des ambitions personnelles du Président Talon ».
Daniel Edah met en garde contre une tentative de « révision de l’histoire » et une manœuvre visant à effacer l’héritage collectif des anciens dirigeants pour consacrer « un unique bâtisseur de la Nation ». Il en appelle ainsi à leur responsabilité historique :« Que voulez-vous que l’histoire retienne de vous ? Votre position – pour ou contre la révision – constituera la réponse que vous donnerez à la Nation. »
Tout en saluant « la clarté et le courage » de Boni Yayi, seul ancien président à s’être publiquement opposé au projet de révision constitutionnelle, Daniel Edah exhorte les autres à suivre son exemple : « Êtes-vous complices de ce qui se trame, ou vous y opposez-vous ? Car si vous rejetez collectivement cette entreprise, elle ne saurait prospérer. »
L’auteur de la lettre conclut sur un ton grave, soulignant que « le temps presse » et que « le silence des anciens interroge ». Il les invite à préserver leur héritage politique et à réaffirmer leur patriotisme face à ce qu’il décrit comme « l’achèvement de la démolition de nos acquis démocratiques et le retour insidieux de l’autoritarisme ».
Par cet appel solennel, Daniel Edah tente de rallumer la flamme du sursaut patriotique et de replacer les anciens dirigeants devant leur responsabilité morale et historique dans un contexte où la révision de la Constitution suscite de vives inquiétudes au sein de la classe politique et de la société civile.
Lettre ouverte aux anciens Présidents:
De la République
– Nicéphore Dieudonné SOGLO
De l’Assemblée nationale
– Adrien HOUNGBEDJI
– Bruno AMOUSSOU
– Antoine Idji KOLAWOLÉ
– Mathurin Coffi NAGO
De la Cour constitutionnelle
– Élisabeth POGNON
– Robert DOSSOU
– Théodore HOLO
– Joseph DJOGBENOU
– Amouda ISSIFOU
Madame et Messieurs les anciens Présidents de la République, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle du Bénin,
Des Béninoises et des Béninois ont souffert, parfois au prix de leur liberté et de leur vie, pour que naisse le renouveau démocratique issu de la Conférence nationale.
Plusieurs d’entre vous ont connu les épreuves de la détention et payé, aux côtés du peuple, le prix de cette conquête historique : la démocratie pluraliste.
Depuis 2016, par votre silence – qu’il soit apparent ou réel -, par votre inaction ou peut-être par crainte de représailles, vous avez laissé s’installer un régime manifestement hostile à l’œuvre collective que vous avez contribué à bâtir.
Ce régime s’est servi de votre participation, voire de votre bienveillance, pour remettre en cause des lieux et symboles forts de notre mémoire démocratique.
Il a, sous le regard indifférent de beaucoup, démoli la célèbre maison du Président KÉRÉKOU – que Dieu ait son âme – avec la complicité de ceux-là mêmes qui doivent leur ascension politique à son héritage.
Il a aussi détruit le mythique Hôtel PLM Alédjo, lieu emblématique où s’est tenue la Conférence des forces vives de la Nation, berceau de notre processus démocratique.
Ces deux sites auraient pu être préservés et transformés en musées politiques, garants de notre mémoire collective et repères pour les générations futures, afin que jamais notre pays ne revive les atrocités du régime dictatorial du PRPB.
Aujourd’hui, une partie de notre élite se trouve déclassée, désemparée, parfois amnésique de son propre passé politique, tout en se montrant prompte à commenter et à soutenir sans discernement.
Nous assistons à une véritable entreprise de réécriture et de réinitialisation de notre histoire politique, orientée au service des ambitions personnelles du Président TALON.
Homme de vision, j’apprécie ceux qui portent des projets différents des miens. Mais force est de constater qu’il est difficile d’entrevoir, dans cette démarche de révision constitutionnelle, la direction vers laquelle le Président TALON souhaite conduire notre pays.
Tout porte à croire que son ambition est de s’entourer des anciens pour effacer les traces de leurs réalisations et s’ériger en unique bâtisseur de la Nation.
Messieurs les Présidents, vous avez été des acteurs politiques majeurs de notre histoire contemporaine.
Vous avez marqué de votre empreinte la construction démocratique du Bénin.
Vos réalisations, même si certains tentent de les effacer, demeurent inscrites dans la mémoire du peuple. Mais aujourd’hui, une question cruciale se pose :
Que voulez-vous que l’histoire retienne de vous ?
Votre position – pour ou contre le projet de révision constitutionnelle – constituera la réponse que vous donnerez à la Nation.
Je salue la clarté et le courage de la prise de position de l’ancien Président Boni YAYI, qui a publiquement exprimé sa désapprobation.
Aussi, avec tout le respect que je vous dois, je vous invite expressément Messieurs Nicéphore Dieudonné SOGLO, Adrien HOUNGBEDJI, Bruno AMOUSSOU, Antoine Idji KOLAWOLÉ, Mathurin Coffi NAGO, Madame Élisabeth POGNON, Messieurs Robert DOSSOU, Théodore HOLO, Joseph DJOGBENOU et Amouda ISSIFOU à vous prononcer clairement :
Êtes-vous complices de ce qui se trame, ou vous y opposez-vous ?
Car si vous rejetez collectivement cette entreprise, elle ne saurait prospérer. Quels que soient les chantages, menaces ou promesses qu’on pourrait vous faire, vous n’avez rien à craindre si vous choisissez le camp du peuple.
Le temps presse, et votre silence interroge. Vous avez encore l’occasion historique de préserver votre héritage politique et de réaffirmer votre patriotisme.
L’histoire retiendra votre courage – ou votre complicité – dans l’achèvement de la démolition de nos acquis démocratiques et dans le retour insidieux de l’autoritarisme.
Dans l’attente de vos prises de position, je vous remercie pour votre attention et vous prie d’agréer, Madame et Messieurs les Présidents, l’expression de mes salutations respectueuses et patriotiques.
Fait le 4 novembre 2025
Daniel Edah
Porteur de la Vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor





