Une nouvelle bataille institutionnelle se profile à l’horizon. L’ancien président de la République, Thomas Boni Yayi, a réagi avec fermeté ce lundi à la proposition de loi introduite à l’Assemblée nationale pour modifier la Constitution en vue de la création d’un Sénat.
Dans une déclaration solennelle transmise a, l’ancien chef de l’État dénonce une initiative inopportune, illégitime et dangereuse pour la démocratie béninoise.
Une révision constitutionnelle sans consensus national
« Par la presse, j’ai été informé du dépôt à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi modificative de la Constitution. Elle vise à créer une institution appelée Sénat », a déclaré Boni Yayi.
Selon lui, une telle réforme engagée sans concertation nationale s’inscrit dans « un climat d’exclusion qui fragilise la cohésion sociale et compromet la sérénité du débat républicain ».
L’ancien président, artisan du dialogue national de 2019, rappelle que toute révision de la Constitution doit découler d’un consensus politique et social, et non d’un calcul partisan.
“Une initiative antidémocratique et contraire à la séparation des pouvoirs”
Pour Boni Yayi, la création d’un Sénat ne répond à aucune urgence démocratique : « La création d’un Sénat n’est ni opportune ni légitime. Elle constitue une initiative antidémocratique, contraire aux principes fondamentaux de la séparation des pouvoirs et au bon fonctionnement de nos institutions. »
Il met en garde contre les contours flous de cette future institution, dont la composition, les attributions et la fonction soulèveraient, selon lui, de « sérieuses interrogations ».
Derrière cette proposition, il soupçonne la volonté de consolider un pouvoir personnel, au détriment de l’intérêt général : « Tout semble conçu pour servir un seul homme, ignorant l’intérêt général. »
“Je ne cautionnerai pas cette dérive institutionnelle”
L’ancien président s’oppose catégoriquement à toute participation, directe ou symbolique, à cette nouvelle chambre haute : « Je ne saurais en aucun cas faire partie de cette institution comme membre de droit ni cautionner un tel projet, dont le dessein véritable semble être de modifier la nature même de notre régime politique. »
Pour lui, cette réforme met en péril les acquis démocratiques chèrement obtenus par le peuple béninois depuis la Conférence nationale de 1990.
Un appel direct aux députés Les Démocrates
S’adressant aux élus du parti Les Démocrates (LD), Boni Yayi lance un appel vibrant :« J’en appelle avec gravité aux députés du parti Les Démocrates à rejeter cette proposition de révision constitutionnelle portant création du Sénat. »
Selon lui, les 22 députés LD, en usant de leur minorité de blocage, doivent honorer leur serment de restaurer la démocratie au Bénin. Leur refus, affirme-t-il, permettra de rendre la parole au peuple, seul détenteur de la souveraineté nationale, par la voie référendaire.
“Défendons notre République et notre unité nationale”
Dans sa conclusion, Boni Yayi adopte un ton d’alerte patriotique : « Ensemble, défendons notre République, notre démocratie et notre unité nationale. Refusons toute altération de l’équilibre institutionnel qui menace notre vivre-ensemble et l’avenir de notre Nation. »
Cette sortie, ferme et sans ambiguïté, relance le débat sur l’opportunité d’une révision constitutionnelle à la veille de la fin de la 9ᵉ législature.
Elle sonne aussi comme un rappel à l’ordre moral et politique, venant de celui qui fut le garant des institutions pendant dix ans et demeure, aux yeux de beaucoup, une conscience démocratique du pays.





