Dans un contexte politique tendu à l’approche des élections générales de 2026, le collectif des avocats du parti Les Démocrates a publié un droit de réponse cinglant au communiqué de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) diffusé ce 20 octobre. Pour les avocats du parti d’opposition, loin de dissiper les inquiétudes, la sortie de l’institution électorale les conforte dans leurs accusations d’agissements partiaux et d’atteinte à la régularité du processus électoral.
Michel François Sodjinou : une invalidation jugée précipitée et irrégulière
Le cas du député Michel François Sodjinou est au cœur de la contestation. Selon le collectif, la CENA s’est précipitée pour invalider sa fiche de parrainage dès l’aube du 14 octobre 2025, sur la base d’une ordonnance de référé rendue la veille au soir par le tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Or, d’après les avocats du parti Les Démocrates, la CENA aurait dû attendre que la voie normale d’exécution volontaire soit épuisée, notamment en s’assurant d’une tentative de restitution par acte d’huissier.
« Une institution républicaine ne peut agir à la hâte sans preuve de résistance à l’exécution », martèle le collectif, qui dénonce un traitement sélectif et une interprétation juridique biaisée.
Pire encore, les avocats dénoncent une manipulation du calendrier : la plateforme d’enregistrement des candidatures, censée être ouverte depuis le 8 octobre, n’a été rendue accessible au siège du parti que le 14 octobre, dernier jour du dépôt des candidatures, aux alentours de 16 heures. Une manœuvre, selon eux, visant à piéger le parti dans des délais intenables, après l’invalidation de la fiche de parrainage du député Sodjinou.
Questions autour de la présence de Maître Assogba à la CENA
Autre point de crispation : la présence de Maître Maxime René Assogba dans les locaux de la CENA, le 14 octobre, lors du dépôt d’un document complémentaire par le duo de candidats des Démocrates. La CENA affirme ne pas l’avoir requis officiellement, mais ne donne aucune explication sur la raison de sa présence. Le collectif met au défi l’institution de révéler pour qui il agissait et de produire les éventuels actes qu’il aurait dressés.
Une CENA accusée de duplicité et de manœuvres d’exclusion
Le droit de réponse dénonce également le discours institutionnel de la CENA, jugé déconnecté de la réalité. « La CENA proclame, sans convaincre, son engagement à organiser des élections transparentes, crédibles et démocratiques », écrivent les avocats, qui constatent que le mot « inclusives » est soigneusement évité. Un oubli révélateur, selon eux, des pratiques d’exclusion à l’œuvre.
Ils pointent notamment les différences de traitement entre les candidats venus déposer leurs dossiers, et affirment que tout est orchestré — en collusion avec le pouvoir exécutif et une justice instrumentalisée — pour éliminer le parti Les Démocrates de la compétition électorale.
« Depuis 2016, peut-on citer une seule élection inclusive, paisible et transparente organisée par la CENA ? », s’interrogent-ils. La réponse, pour eux, est clairement négative.
Un appel solennel à la Cour constitutionnelle
En conclusion, le collectif appelle la Cour constitutionnelle à dire le droit dans cette affaire et à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions. Ils rappellent que le respect des lois de la République doit s’imposer d’abord à la CENA elle-même.
« Le peuple béninois veut des élections dans le strict respect des lois. La paix et la stabilité du pays en dépendent », avertissent-ils.
Ce nouveau bras de fer judiciaire et politique illustre, une fois encore, la méfiance profonde entre l’opposition et les institutions chargées de l’organisation du scrutin. À quelques mois des législatives et de la présidentielle de 2026, la tension ne fait que monter.
Intégralité du droit de réponse du collectif des avocats
Droit de réponse au communiqué de la CENA publié ce 20/10/2025 par le collectif des Avocats du parti Les Démocrates
En réponse au communiqué du Parti Les Démocrates sur ses agissements partiaux et antirépublicains, la CENA a cru devoir réagir en sortant un communiqué de presse daté de ce jour, 20 octobre 2025, qui la confond davantage.
Le Parti Les Démocrates entend remettre les choses à l’endroit afin qu’aucune confusion ne soit entretenue dans l’esprit des compatriotes et de ceux qui suivent l’actualité politique béninoise, aussi bien au plan national qu’international.
1- Sur le cas du député Michel François SODJINOU
Pour se défendre, la CENA s’appuie sur l’ordonnance de référé rendue le 13 octobre 2025, tard dans la nuit, par le Président du tribunal de première instance de première classe de Cotonou.
Avant d’invalider la fiche de parrainage de monsieur Michel François SODJINOU, la CENA devait s’assurer de ce que le Parti Les Démocrates et son Président avaient résisté à son exécution volontaire, conformément à la décision du tribunal.
Une institution républicaine comme la CENA devait attendre la preuve de la diligence de l’huissier instrumentaire tendant à obtenir, sans succès, la restitution du formulaire de parrainage précédemment délivré à monsieur Michel François SODJINOU.
En s’abstenant d’avoir un acte d’huissier dans ce sens avant d’invalider la fiche de parrainage du député dès les premières heures du 14 octobre 2025, la CENA a fait preuve d’un parti pris contraire à sa mission.
Toute décision de justice ordonnant des mesures alternatives doit comporter un délai pour l’exécution de chaque mesure, ce que le juge des référés a manqué de faire.
Et la CENA, qui dit agir dans la transparence, s’appuie sur cette omission pour ne pas s’assurer de l’accomplissement correct de ses diligences avant d’invalider la fiche de parrainage de monsieur Michel François SODJINOU.
L’autre agissement qui fait douter de la bonne foi de la CENA est que, dans son propre planning, elle devait ouvrir la plateforme d’enregistrement des dossiers de candidature le 08 octobre 2025.
Elle ne l’a mise en fonction au siège du parti Les Démocrates que le 14 octobre 2025, le dernier jour de clôture des dépôts des dossiers à la CENA vers 16 heures. Et celà après avoir procédé à des manœuvres pour l’invalidation de la fiche de parrainage de monsieur Michel François SODJINOU et la délivrance, en son nom, d’un nouveau formulaire de parrainage.
2 – Au sujet de l’intervention de Maître Alain AKPO
Il n’est pas contesté que Maître Maxime René ASSOGBA était présent dans les locaux de la CENA lors du dépôt du document complémentaire par le duo de candidats du Parti Les Démocrates, dans la journée du 14 octobre 2025.
La CENA se défend de l’avoir requis pour accomplir des actes de son ministère, sans indiquer les raisons de sa présence sur les lieux ni la mission qu’il y accomplissait.
Le Parti Les Démocrates met la CENA au défi de révéler la personne pour le compte de laquelle il était présent et de produire copie des actes dressés par lui.
3 – Sur la position et l’engagement de la CENA
La CENA proclame, sans convaincre les citoyens, son engagement à organiser des élections transparentes, crédibles et démocratiques.
Bien évidemment, elle s’est abstenue de parler d’élections inclusives, parce qu’elle participe des manœuvres d’exclusion par ses agissements.
Et sur ce point, aucun Béninois n’est dupe, rien qu’à voir la différence de traitement qu’elle applique aux différents duos de candidats qui se présentent dans ses locaux pour le dépôt de dossier de candidature.
Le Parti Les Démocrates ne sollicite point un traitement de faveur de l’institution chargée de l’organisation des élections générales en République du Bénin.
Il attend juste d’elle qu’elle se conforme à sa mission républicaine, gage de la paix et de la sécurité des Béninois et de toute personne vivant au Bénin.
La CENA doit prendre conscience de sa responsabilité dans ce processus de remise en cause de la paix au Bénin, à la veille des élections générales de 2026, en ce qui concerne les législatives et la présidentielle.
Tout est orchestré par la CENA, en collusion avec le pouvoir et une institution judiciaire non compétente, pour exclure le Parti Les Démocrates du Bénin. Du reste, la CENA peut-elle en toute honnêteté donner au peuple béninois un seul exemple d’organisation d’élections inclusives transparentes et paisibles depuis 2016 ? Certes, non. C’est là un objet de grande déception pour notre peuple et pour notre démocratie.
Oui aux élections dans “le strict respect des lois de la République” à condition que la CENA s’y conforme véritablement.
Le peuple béninois souhaite que la Cour constitutionnelle dise le droit dans cette affaire pour sauver notre pays.
Le Collectif des Avocats du parti Les Démocrates
Cotonou le 20 octobre 2025




