Une chanson du « Messager » qui érige le combat des enseignants précaires en hymne de justice et de dignité)
Dans un contexte où la Nation tout entière s’interroge sur l’avenir de ses bâtisseurs silencieux, une voix s’élève, douce mais ferme : celle de Messager Junior. Par son nouveau single, l’artiste prête un timbre d’émotion et de gravité à la cause des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME), devenus, au fil des ans, le symbole d’un dévouement sans faille à l’éducation nationale. L’œuvre, empreinte d’une noblesse rare, s’inspire directement de la lettre ouverte adressée au Président de la République par la Fédération Nationale des Collectifs des Enseignants Pré-Insérés du Bénin (FéNaCEPIB). Dans cette missive d’une haute tenue morale, les AME, par la voix de leurs représentants, implorent — sans outrance ni défi — l’accomplissement d’une promesse gouvernementale : leur reversement en qualité d’Agents Contractuels de Droit Public de l’État (ACDPE).

« Une génération s’épuise dans l’attente », chante Messager Junior d’un ton grave et inspiré. Cette phrase, désormais leitmotiv d’un peuple enseignant, résume à elle seule sept années de patience, d’espérance et de résilience. Elle exprime la lassitude d’hommes et de femmes ayant choisi de servir malgré la précarité, d’enseigner malgré l’incertitude, de persévérer malgré le silence. Loin des pamphlets vindicatifs, la chanson de Messager Junior se veut une prière civique, un cri du cœur dénué d’amertume. Elle résonne comme une invocation collective adressée au « Père de la Nation », non dans un ton de révolte, mais dans celui de la filiation et de la confiance.
« Ce n’est pas une chanson de colère, c’est une prière civique », confie Pierrot Sourou Léon Akodjenou, porte-parole de la FéNaCEPIB, soulignant l’esprit de dignité qui anime le mouvement.
Autour de lui, la fédération salue l’engagement constant de la COSI-Bénin, dont le soutien indéfectible a permis de maintenir vivante la flamme du combat social. De Gildas Bekpon à Habib N’Oueni, en passant par Amour Guedegbe, Louis Assogba et Ganiou Agnide, tous les membres du bureau national incarnent une même détermination : celle de voir les enseignants pré-insérés accéder enfin à une reconnaissance statutaire. En transposant le plaidoyer dans le langage universel de la musique, Messager Junior transforme une revendication syndicale en acte artistique de portée nationale.
Ce chant mêle respect et espérance, fermeté et tendresse. Il dit la fatigue d’une génération, mais aussi sa foi en la justice républicaine.
Là où les rapports administratifs peinent à émouvoir, la chanson touche, élève et rassemble. Elle invite à une réflexion profonde : peut-on bâtir l’école de demain sans garantir la stabilité de ceux qui l’incarnent ? Le message est clair, la démarche respectueuse, et l’intention pure. À travers cette œuvre, la FéNaCEPIB ne cherche ni affrontement ni faveur, mais restitution d’un droit promis, celui d’une carrière digne pour celles et ceux qui ont consacré leurs plus belles années au service de la Nation.
« Dans chaque famille, dans chaque concession, il y a au moins un AME », rappelle le texte original. Une phrase lourde de vérité : cette cause dépasse le cadre corporatiste pour embrasser la dimension humaine et nationale.
Ainsi, du lycée rural au palais présidentiel, des salles de classe aux studios d’enregistrement, un même souffle parcourt le Bénin : celui de la reconnaissance due à l’effort, celui du respect du serment républicain.
Et dans le silence des soirs, sur les ondes des radios locales, le refrain s’élève encore « Les enseignants AME se plaignent, que le Gouvernement se souvienne d’eux… »

Stéphane AHINOUHOSSOU





