Ce vendredi 31 octobre 2025 restera une date marquante dans la vie politique du parti Les Démocrates (LD). Six députés du groupe parlementaire ont annoncé leur départ, invoquant des dysfonctionnements internes et une perte de confiance vis-à-vis de la direction du parti. Ce départ, intervenant à quelques mois de la présidentielle de 2026, fait figure de coup de tonnerre au sein de la principale formation de l’opposition.
Les démissionnaires — Michel Sodjinou, Chantal Adjovi, Joël Godonou, Léansou Do-Régo, Denise Hounmenou et Constant Nahum — se sont désormais constitués en députés non-inscrits, fragilisant ainsi l’unité et la force de frappe du groupe parlementaire Les Démocrates à l’Assemblée nationale.
Des raisons valables mais un timing suspect
Dans leur déclaration, ces élus évoquent une série de maux : crise de leadership, pratiques internes regrettables, épuisement idéologique et manque de démocratie au sein du parti. Ils pointent du doigt le président du parti, Boni Yayi, accusé d’avoir laissé « trop de situations pourrir la bonne santé du parti ».
Si ces griefs peuvent paraître légitimes, beaucoup d’observateurs estiment que les députés se réveillent bien tard. Les problèmes qu’ils dénoncent aujourd’hui ne datent pas d’hier : le manque de cohésion, les tensions internes et les rivalités autour de la direction du parti étaient visibles depuis plusieurs mois, sinon depuis la création du groupe parlementaire.
Pourquoi avoir attendu la disqualification du duo présidentiel des Démocrates pour réagir ? Pourquoi ce sursaut soudain, au moment où le parti traverse l’une de ses pires crises ? Le timing interroge et laisse planer un doute sur la sincérité de leur démarche.
Un geste plus politique que moral
Cette démission collective apparaît davantage comme un acte politique calculé que comme un sursaut de conscience.
Certains y voient une manœuvre de repositionnement à la veille d’échéances électorales majeures. D’autres y perçoivent une tentative de se démarquer du navire LD jugé en perdition, afin de préserver une image individuelle auprès de l’électorat.
En quittant le navire au moment où la tempête fait rage, les six députés semblent donner raison à ceux qui qualifiaient Les Démocrates de « géant aux pieds d’argile », vulnérable à la moindre fissure interne. Leur départ affaiblit considérablement le groupe parlementaire et donne l’image d’un parti miné par les ambitions personnelles et les luttes de positionnement.
Une opposition en quête de cohérence
Dans un contexte où le Bénin s’apprête à vivre une nouvelle présidentielle, cette fracture au sein du principal parti d’opposition envoie un signal de désunion.
Alors que le camp du pouvoir avance uni et discipliné, l’opposition, elle, se déchire publiquement.
Les citoyens, eux, assistent impuissants à ce spectacle de divisions, alors qu’ils attendaient de leurs représentants une opposition forte, cohérente et porteuse d’alternatives crédibles.
Un aveu d’échec collectif
Le réveil tardif de ces députés ressemble à un aveu d’échec collectif. Pendant longtemps, ils ont cautionné les décisions, les méthodes et les orientations politiques du parti. Ce n’est qu’aujourd’hui, face à la déroute politique et à l’exclusion de leur duo présidentiel, qu’ils découvrent subitement les « dérives » qu’ils dénoncent.
Cette posture de dernière minute s’apparente plus à une fuite de responsabilité qu’à une véritable rupture idéologique.
Et maintenant ?
Ces élus affirment vouloir poursuivre le combat politique et défendre les valeurs de liberté et de justice sociale. Mais pour beaucoup, leur départ affaiblit davantage le camp de l’opposition et compromet la crédibilité du discours de renouvellement qu’ils prétendent incarner.
En choisissant de claquer la porte aujourd’hui, ils laissent derrière eux un parti affaibli et des militants déboussolés.
En somme
La démission des six députés du groupe parlementaire Les Démocrates est un événement symptomatique d’un mal plus profond : l’absence de discipline et de loyauté idéologique dans la classe politique béninoise.
Leur réveil tardif, aussi justifié soit-il, ne peut effacer des mois de silence, de compromission et de suivisme.
Entre opportunisme politique et conscience retrouvée, ces démissions interrogent : s’agit-il d’un acte de courage ou d’une manœuvre de survie ?





