Le 27 octobre 2025, la Cour constitutionnelle du Bénin a rendu un verdict lourd de conséquences pour la scène politique nationale. Elle a validé la liste provisoire des candidats à la présidentielle du 12 avril 2026, publiée par la Commission électorale nationale autonome (CENA), et confirmé l’exclusion du parti Les Démocrates. En clair, le duo Renaud Agbodjo – Jude Lodjou, désigné pour porter les couleurs de la principale formation d’opposition, ne pourra pas participer au scrutin.
Une exclusion sur fond de parrainages contestés
La décision de la Cour repose sur un motif juridique précis : l’insuffisance de parrainages valides. Le parti Les Démocrates disposait de 28 parrains, soit le seuil exigé par la CENA conformément au code électoral. Mais le retrait du parrainage de Michel François Sodjinou, député du parti, a fait tomber le nombre de soutiens à 27, en dessous du minimum légalement requis.
Selon plusieurs sources proches du dossier, le député Sodjinou aurait contesté la manière dont le duo Agbodjo-Lodjou a été désigné, affirmant avoir été « contraint » de leur accorder son parrainage. Face à cette situation, le parti Les Démocrates a introduit un recours devant la Cour constitutionnelle. Il y contestait non seulement la perte du parrainage, mais aussi le seuil de 28 parrains, qu’il jugeait non conforme à la loi. Pour certains militants, le calcul devrait se baser sur le nombre total d’élus (109 députés et 77 maires), ce qui ramènerait le minimum requis à 27.
Ce que décide la Cour constitutionnelle
Réunie en audience plénière spéciale le 27 octobre, la Cour a examiné l’ensemble des recours déposés dans le cadre du contentieux du parrainage. Elle a finalement rejeté la candidature du duo Agbodjo–Lodjou et déclaré irrecevable leur recours contre la décision de la CENA.
Quelques jours plus tôt, le 23 octobre, la Cour s’était déjà déclarée incompétente en l’état pour statuer sur une affaire connexe : celle de l’ordonnance du tribunal de première instance de Cotonou ordonnant la restitution à Sodjinou de sa fiche de parrainage. Ce refus de se prononcer sur le fond a fragilisé davantage la position des Démocrates : sans la réintégration de ce parrainage, leur dossier de candidature devient juridiquement caduc.
Réactions politiques
Du côté du gouvernement, le porte-parole Wilfried Léandre Houngbédji a salué la décision, y voyant la preuve que « le droit a été dit » et estimant que Les Démocrates avaient « manqué une occasion historique de conquérir le pouvoir de façon régulière ».
En revanche, au sein du parti d’opposition, le ton est à la dénonciation. Les responsables des Démocrates ont fustigé une « manœuvre politique » visant, selon eux, à écarter toute alternative crédible au pouvoir en place. Dans une déclaration officielle, ils ont appelé la Cour à « dire le droit et être garante de la paix », soutenant que sans une participation équitable, il ne peut y avoir de démocratie véritable.
Un précédent sous la présidence de Patrice Talon
Cette exclusion n’est pas sans rappeler les précédents électoraux survenus sous la présidence de Patrice Talon. Depuis l’introduction du système de parrainage en 2019, plusieurs formations de l’opposition ont déjà vu leurs candidatures invalidées pour des motifs similaires. Ce dispositif, censé renforcer la crédibilité des candidatures, est régulièrement dénoncé par l’opposition comme un instrument d’exclusion politique.
Le climat politique demeure tendu : chaque étape du processus électoral devient le théâtre de batailles juridiques, et la Cour constitutionnelle apparaît désormais comme l’arbitre central du jeu politique béninois.
Conséquences et perspectives
Impact électoral : L’absence du parti Les Démocrates, considéré Come principal parti de l’opposition au Bénin risque de déséquilibrer la présidentielle de 2026 en laissant le champ libre aux formations proches du pouvoir.
Enjeu institutionnel : La décision renforce le pouvoir d’appréciation de la Cour constitutionnelle dans la validation des candidatures, confirmant son rôle déterminant dans le processus électoral.
Stratégie du parti : Pour Les Démocrates, les voies de recours sont désormais limitées. Le parti pourrait toutefois tenter une nouvelle mobilisation politique, en s’appuyant sur un discours de défense de la démocratie et de l’équité électorale.
Par sa décision du 27 octobre 2025, la Cour constitutionnelle du Bénin a définitivement écarté le parti Les Démocrates de la course à la présidentielle du 12 avril 2026, pour cause de parrainages jugés insuffisants. Un verdict qui relance le débat sur la transparence du processus électoral et sur la place que l’opposition occupe désormais dans la vie politique nationale.





